著者
辻 佐保子
出版者
日本西洋古典学会
雑誌
西洋古典學研究 (ISSN:04479114)
巻号頁・発行日
vol.27, pp.68-82, 1979-03-29

Cet article fait partie d'une serie d'etudes consacrees au theme de la Resurrection du Christ, dont le premier article a ete deja, publie dans "Orient", XIII, 1977 ("Ce que l'iconographie des Saintes Femmes au Tombeau doit a l'art funeraire paien"). Dans ce second article, nous voulons examiner une representation fort originate et inome-vue du cote de l'art chretien-des trois personnages habilles en blanc qui s'evadent a, travers de deux portes entr'ouvertes, peintes en perspective et amenagees dans deux compartiments du cubiculum F de la nouvelle catacombe de Via Latina a Rome. La structure de ces ouvertures avec deux vantaux repliants et la presence de personnages au dessus de leurs seuils peuvent etre rapprochees de la representation semblable au decor d'interieur qu'on trouve souvent dans la peinture romano-campanienne. Mais, cette comparaison ne sufnt pas pour expliquer le geste precipite et l'expression d'etonnement que montrent nos trois personnages. L'un vu de dos, la jambe droite projetee en arriere, essaie d'ecarter les vantaux de la porte avec sa main droite et son epaule gauche. Deux autres se retournent un instant apres avoir traverse le seuil de la chambre funeraire. C'est surtout une serie de sarcophages, dite de "la porte d'Hades", recemment etudiee par B. Haarlov, y compris le celebre sarcophage de Velletri, qui nous aide a elucider la signification de ces personnages peu habituels. En effet, mise a part une simple porte sans figure humaine et en trois etats differents fermee, entr'ouverte ou brisee par force , on y trouve quelquesfois l'ombre du defunt ou des personnages mythologiques (Alcestis, Protesilaos) accompagnes des divinites psychopompes (Hercule, Hermes) , qui emergent de la porte entr'ouverte d'Hades. Une longue tradition iconographique depuis l'art etrusque nous montre que l'ouverture de la porte du tombeau signifie a la fois le depart vers le monde d'audela, et le retour a, la vie, la resurrection. Les ivoires paleochretiens autour de l'annee 400 ont adopte le meme motif de la porte en trois etats differents, pour le tombeau du Christ dans la scene des "Saintes Femmes au Tombeau" : elle est fermee dans l'ivoire de Munich, entr'ouverte dans celui de Milan et detruite dans celui de Londres. Surtout deux derniers etats doivent evoquer la sortie miraculeuse du Christ de son tombeau, a savoir une Resurrection par excellence qui garantie celle des chretiens en general. Mais dans tous les cas, la representation realiste, la resurrection corporelle du Christ est evitee. Elle n'apparait que plus tardivement sous l'influence des illustrations des Psaumes. Il est generalement admis que la representation de la resurrection des morts ne commence qu'a, partir du 9^e siecle-de meme que celle du Christ en corps-, et qu'elle est associee soit avecle "Crucifiement" (selon Mat. 27, 52), soit avec le "Jugement Dernier". Dans ces cas, les morts ressuscitent en deplacant les couvercles des sarcophages et ce n'est plus a travers de la porte de l'edifice ou de la chambre funeraire. Pourtant, le theme traditionnel de l'ouverture de la porte a ete utilise d'une autre maniere par ces artistes medievaux, a la fois pour l'iconographie de "l'Ascension" en tant que l'ouverture de la porte du Paradis (Adventus du rois de gloire, inspire par le psaume 23)et pour celle de la "Descente aux Limbes" en tant que la destruction de la porte d'Enfers. Nous reviendrons a ce probleme dans notre prochain article. Pour expliquer les gesticulations tres vives de nos trois personnages, nous avons essaye de les confronter avec quelques textes du Nouveau Testaments relatifs a la resurrection des morts, entre autres I Ep. Cor., IS, 51-52, qui insistent sur l'instantaneite("in momento in ictu oculi") de cette "transformation" du corruptible a l'incorruptible. Un des sermons prononce a la fete de Paques de Gregoire de Nazianz decrit longuement, en terme biologico-psychiatrique-qui evoque la scene du cours de l'anatomie decorant une des lunettes du cubiculum I de la meme catacombe-, cette resurrection instantanee et le retour subit de la memoire du passe a chaque homme. Ainsi, au son de la trompette, les trois morts ensevelis dans les trois arcosolia du cubiculum F ressuscitent instantanement. L'un se precipite vers la porte qui s'ouvre et deux autres, deja franchi le seuil, se retournent et regardent avec un air etonne l'interieur de la chambre qu'ils viennent de quitter. Bien que tres precoce, il doit s'agir ici d'une representation audacieuse de l'evasion de la chambre funeraire, c'est-a-dire la delivrance de la mort, utilisant le motif semblable a l'ouverture et a la sortie de la porte d'Hades, frequent sur les monuments funeraires paiiens d'un ou deux siecles anterieurs. D'ailleurs, Prudence, poete chretien contemporain influence par le vocabulaire de la litterature classique, ne dit-il pas qu' "apres le trepas, notre chair qui etait morte. Notre poussiere se rassemble en corps, et du tombeau renait notre forme d'autrefois" (Cathemerinon Liber, III, 193-95)?