著者
伊ヶ崎 泰枝
出版者
広島大学フランス文学研究会
雑誌
広島大学フランス文学研究 (ISSN:02873567)
巻号頁・発行日
no.38, pp.25-39, 2019

Au milieu du XIXe siècle, Léon de ROSNY (1837-1914) s'attaque à la langue japonaise, alors réputée hermétique, tandis que MURAKAMI Hidetoshi (1811-1890) lit le Traité de Chimie de Berzelius en français. Ils apprennent leurs langues cibles tout seuls à l'aide des quelques documents qu'ils se sont procurés. D'une part, en étudiant le Syo-gen-ziko, document ramené du Japon par P. F. von Siebold, Léon de ROSNY relève les mots japonais dans l'ordre alphabétique au moyen de cartes. De son côté, MURAKAMI Hidetoshi recopie un dictionnaire néerlandais-français, supposé être celui de François Halma.Ces autodidactes ont quelques points communs : leur milieu familial qui leur a donné une bonne éducation précoce ; leur maîtrise de plusieurs langues, notamment le chinois chez Léon de ROSNY et le néerlandais chez MURAKAMI Hidetoshi, compétence requise et indispensable au défrichement d'une langue encore peu étudiée ; enfin leurs talents multiples et leur appétit éclectique qui les ont probablement poussés à l'autodidaxie.Léon de ROSNY devient professeur à l'École des Langues Orientales en 1868. Il y organise les cours de japonais et publie des articles tels que l'Introduction à l'étude de la langue japonaise. Cependant, ce savant plus doté d'imagination que de rigueur s'éveille au bouddhisme et perd sa passion pour l'enseignement du japonais dans ses dernières années. Quant à MURAKAMI Hidetoshi, il publie d'abord le Sango Benran, un dictionnairefrançais-anglais-néerlandais-japonais, ensuite le Futsugo Meiyō, un dictionnaire alphabétique français-japonais. En 1868, il ouvre un cours privé de français Tatsurido. Mais n'ayant jamais eu de contact réel avec les Français, la conversation n'est pas son point fort. Cette école ferme ses portes en 1877. Alors qu'ils ont, grâce à leur démarche, promu l'enseignement du japonais et celui du français, et formé leurs successeurs, ces autodidactes sont critiqués et dépassés par leurs cadets vers la fin de leur vie : c'est le destin inévitable des pionniers. En tout cas, leurs travaux ont ouvert la voie aux études japonaises et françaises.
著者
伊ヶ崎 泰枝
出版者
広島大学フランス文学研究会
雑誌
広島大学フランス文学研究 (ISSN:02873567)
巻号頁・発行日
no.26, pp.45-54[含 仏語文要旨], 2007

L'évolution de l'enseignement des langues en Europe prend pour départ la méthode grammaire-traduction dès la fin du XVIe siècle. Recourant à la démarche déductive dans la compréhension grammaticale, elle consiste en la traduction entre la langue maternelle et la langue cible. Ensuite, les méthodes directes telles que celles de F. Gouin et de Berlitz fleurissent dans la seconde moitié du XIXe siècle. Dans les années 1950-65 aux Etats-Unis, la méthode audio-orale, vise à l'acquisition de réflexes à travers des exercices structuraux. En France, la méthode structuro-globale audio-visuelle (S.G.A.V.) apparaît également au début des années 50. Le Conseil de l'Europe intervenant dans l'enseignement des langues, l'approche communicative, au début des années 1970, tient compte de son projet : en recourant à la linguistique pragmatique, rendre l'apprenant à être autonome dans son acquisition de l'aptitude à communiquer.Par ailleurs, l'enseignement du japonais débute en 1895 à Formos et à partir de l'année 1899, la méthode de YAMAGUCHI Kiichirô, une sorte de méthode directe influencée par celle de F. Gouin, remplace l'enseignement traditionnel basé sur la traduction. L'enseignement du japonais en Corée, qui a commencé en 1905, reste pourtant traditionnel. En Mandchourie, la méthode directe de YAMAGUCHI Kiichirô, introduite au début du XXe siècle, n'ayant pas été suffisamment efficace pour les adultes, ÔIDE Masaatsu développe sa méthode originale, dite « Sokuseishiki (accélératrice) ». Pendant la Seconde Guerre mondiale, le japonais étant une des langues cibles importantes, l'armée de terre américaine étudie l'A.S.T.P. Après la Guerre, NAGANUMA Naoe publie plusieurs manuels, sous l'influence de la méthode Palmer.Les manuels de français actuels pour les débutants se caractérisent par l'usage de «documents authentiques » comme des annonces, des publicités, des enregistrements authentiques, etc., qui demande de repérer et de scruter les passages utiles selon le niveau des 4 aptitudes de l'apprenant. En revanche, dans les manuels de japonais pour les débutants, les textes sont souvent aseptisés, sans aucun «realia», qui a en effet tendance à n'être adopté qu'à partir du niveau moyen ou du niveau avancé. Le système d'écriture complexe du japonais, composé de hiragana, de katakana et de kanji, et sa tendance redondante au niveau du vocabulaire semblent susciter cette différence.Vis-à-vis de la grande diversité des apprenants, phénomène irréversible, l'enseignant se doit de maîtriser différentes méthodes pour que ceux-ci puissent trouver leur propre méthode pour apprendre la langue cible.
著者
伊ヶ崎 泰枝
出版者
広島大学フランス文学研究会
雑誌
広島大学フランス文学研究 (ISSN:02873567)
巻号頁・発行日
no.34, pp.50-64, 2015

Femme de théâtre, Simone Jollivet s'est liée d'amitié avec Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre – d'une amitié qui dura jusqu'à la fin de leur vie. Libertine depuis sa jeunesse, Simone Jollivet « avait l'éclat d'une héroïne de roman ».Dans les années 1930, Beauvoir entreprend de créer des personnages qui prennent modèle sur des femmes comme Zaza, Mme Morel et Jollivet. Dans les chapitres inédits de L'Invitée, le personnage d'Élisabeth Labroux, lycéenne prétentieuse qui adore Nietzsche, emprunte ainsi certains traits de caractère de Simone Jollivet.À partir du deuxième volume des Mémoires, La Force de l'âge, Beauvoir dépeint, à travers le personnage de Camille, la vie prodigieuse de cette femme : son ambition littéraire, l'échec de sa carrière théâtrale, son ralliement au nazisme et sa dépendance à l'égard de l'alcool. Comparés aux descriptions nébuleuses de Cosima et d'Anny dans les romans de Sartre, Une défaite et La Nausée, autres héroïnes que Simone Jollivet a inspirées, les charmes de Camille sont détaillés en des termes concrets qui caractérisent son excentricité et sa vulgarité. Les écritures des deux écrivains composent ainsi de multiples facettes complémentaires.Si Beauvoir rend compte avec précision des tentatives romanesques chez Simone Jollivet – Le Lierre, Les Histoires démoniaques et L'Amour par intérêt, œuvres d'« inventions infantiles » qui n'ont pas vu le jour –, c'est qu'il s'agit de donner un exemple de ces activités créatrices souvent problématiques chez les femmes : l'un des thèmes cruciaux de la romancière et essayiste. Beauvoir s'intéresse également à la chair de Jollivet détériorée par l'alcool : la destruction du corps féminin est un autre thème fréquent chez l'auteur. Enfin, l'opportunisme dont a fait preuve Jollivet aspirant à la renommé sous l'Occupation, en tant que maîtresse de Charles Dullin, revêt des éléments historiques importants. L'exploration du vide et de la faiblesse originelle de Simone Jollivet génère ainsi le personnage le plus pittoresque des Mémoires.