著者
鈴木 順子
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.100, pp.239-253, 2012-03-14 (Released:2017-03-31)

Que Simone Weil soit l'une des premieres lectrices de Daisetz Suzuki en France est un fait peu connu. Cet article tentera de mettre en lumiere les caracteristiques de la lecture weilienne de Daisetz et l'influence que le bouddhisme zen a exercee sur Weil dans ses dernieres annees. Weil a lu en 1942 Essays in zen bouddhism 2^<nd> series de Daisetz, et a tout de suite copie tous les poemes bouddhistes dans ses essais. Elle en a ensuite traduit plusieurs en francais. Apres deux mois d'etude, elle a finalement ecrit ses reflexions sur les notions zen-bouddhistes et etabli des comparaisons avec la philosophie occidentale et les autres religions. Ainsi, son etude sur cette oeuvre a ete tres progressive, soigneuse et dense. Dans cette etude, Weil remarque particulierement la technique du <<Koan>>, et surtout sa force de destruction de la partie discursive et intelligente de Fame. Cette partie, d'apres Weil, n'est detruite que par une joie intense de pure contemplation (Mystere, experiences mystiques) ou par une douleur et un malheur extremes (Passion du Christ, Exercices Koan de bonzes). Apres cette destruction, dit-elle, les capacites intuitives sont acquises. Depuis 1938, Weil etudiait plusieurs religions, mythes et folklores et tentait de leur trouver un fondement commun. La rencontre avec Daisetz en 1942 a renforce sa conviction que c'est veritablement Dieu (personnel et aussi impersonnel) qui donne les souffrances et les malheurs aux hommes pour que cette destruction soit accomplie. Mais ii y a une grande divergence entre Weil et Daisetz. Alors que ce dernier souligne que cette destruction introduit le Satori (l'illumination) et amene les hommes au Jodo (la terre pure), la philosophe neglige ce theme. Tout en pensant que l'invocation au Bouddha est aussi efficace que l'invocation au Christ, Weil nie l'importance du Jodo. Cette lecture originale est fortement liee a l' indifference de Well envers la resurrection du Christ et la vie eternelle.
著者
森田 美里
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.106, pp.159-174, 2015-03-25 (Released:2017-03-30)

Cette etude a pour objectif de determiner la fonction d'un son produit avec la langue sur les points d'articulation alveolaire ou dental sans flux respiratoire, dans le discours de locuteurs francophones natifs. Le <<shitauchi>> pourrait se traduire litteralement par <<petit claquement de langue>>. Dans la communication entre Japonais et Francais, il est cause de malentendus et de quiproquos du fait qu'en japonais il marque principalement l'agacement. Neanmoins, il n'a jamais fait l'objet d'etude dans ce contexte car il est considere comme une simple emission buccale que, par ailleurs, les Francais ne percoivent pas. Nous avons sollicite des Francais pour l'execution de trois taches : d'abord, raconter un recit ; ensuite, indiquer un chemin ; enfin, observer des sequences televisuelles comme une interview d'artiste, un debat politique, etc. Ces recherches permettent de formuler trois hypotheses majeures : 1) en francais, il y a congruence entre le shitauchi et Les marques du travail de formulation (Candea 2000), 2) fonctionnellement, il s'agit d'attirer l'attention sur soi ou sur son propos, 3) les emplois concernent le traitement de l'information ou de l'expression, le changement de sujet ou de niveau du discours, l'amorcage de l'information, la prise de parole ou une manifestation de l'agacement du locuteur.
著者
辻川 慶子
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
no.95, pp.171-183, 2009-09-10

L'enjeu de cet article est d'analyser le rapport du politique et du religieux mis en oeuvre par Nerval dans Les Illumines, et plus particulierement dans <<Cagliostro>>. Cette question permettra de mieux saisir le sens de l'ensemble du recueil ainsi que les reflexions historiques de Nerval face a la rupture operee par la Revolution franchise. Le sens du titre des Illumines et le choix des personnages apparaissent plus clairement a travers la comparaison du recueil avec les <<Prophetes rouges>>. Il s'agit, dans les deux cas, de repenser le lien possible entre le religieux, le politique et le litteraire, notamment dans les idees de reformes sociales presentant des speculations metaphysiques. Mais les personnages des Illumines sont des marginaux foncierement differents des <<Prophetes>> qui sont tous des fondateurs d'ecoles exigeant une adhesion collective. De meme, dans <<Cagliostro>>, Nerval reste mefiant vis-a-vis de la resurgence des ideologies theologico-politiques, revolutionnaires ou sectaires. Cette reflexion s'appuie sur un parallele, en apparence surprenant, entre deux ceremonies : celle de l'Etre supreme de Robespierre et les rites initiatiques de Madame Cagliostro. Nerval y critique la Revolution pour ses abus et ses deviances, sans pour autant la rejeter. Contre tout pouvoir politico-religieux, Nerval imagine alors une persistance des sentiments religieux, populaires ou savants. L'histoire millenaire qui ouvre le recit de <<Cagliostro>> temoigne de ce souci de depasser la rupture historique operee par la Revolution franchise, et de maintenir, par dela la <<mort des religions>> qui s'ensuit, la possibility d'un renouveau spirituel.
著者
立花 史
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.102, pp.189-204, 2013

Comme on le sait, Les Mots anglais sont une publication pedagogique, redigee du point de vue de la philologie comparee. Mais, chose curieuse, on n'a jamais traite de front le statut que l'auteur a attribue a ce livre: <<la Lexicographie>>. Notre article a donc pour objet de reconstruire l'entreprise lexicographique de cet opuscule ainsi que d'examiner sa Table enigmatique dans le meme cadre. Mallarme a vecu a l'epoque de la lexicographie philologique (dont Lime etait le sommet). Cette derniere nous a permis de comprendre chaque mot dans son epaisseur historique. Le poete s'est emerveille de ce procede magique jusqu'a l'appliquer a son propre manuel scolaire. Selon lui, apprendre le vocabulaire consiste a se faire un dictionnaire mental. Ainsi, Les Mots anglais constituent la <<Clef du Dictionnaire>>. Or, notre approche n'exclut pas la symbolique de Todorov qu'on a introduite dans l'analyse de cette oeuvre. Au contraire, la symbolique proprement dite vise toutes les sortes de textes (y compris les dictionnaires). Elle nous permet de tenir compte de la Table dans son integralite selon la meme approche, tout en distinguant differentes motivations, philologiques et poetiques. Nous y reconnaissons au moins quatre formes de symbolisation:celle des mots, celle des families, celles des initiales, de type formel et de type semantique. Si notre argument est bien conduit, la Table montre a la foil un petit dictionnaire original et un ouvrage semiotiquement analysable. Il s'agit, dans ce texte, de la motivation du dictionnaire, plutot que de celle du signe. Notre etude contribuera a deconstruire les oppositions qu'on suppose inconsciemment chez l'auteur, entre les textes dits principaux et marginaux, litteraires et non litteraires, avant de repenser dans une coherence neuve toute son oeuvre dans son rapport au hasard historique.
著者
藤田 尚志
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
no.91, pp.168-183, 2007-09-20

Dans son tout premier article, Bergson en remarquant << la simulation inconsciente dans l'etat d'hypnotisme >>dissout le faux probleme de la << suggestion mentale >>. Ce qui interesse Bergson dans la suggestion hypnotique, c'est sa rythmicite d'une part, et, de l'autre, la distinction entre l'acte de suggerer et ce qui est suggere. Le premier devoile le souvenir d'un evenement unique, le dernier la distinction entre une sensation et son souvenir, l'un et l'autre constituant les traits fondamentaux de la memoire. La telepathie, phenomene ou on << voit >>les proches mourant au loin, semble s'expliquer, d'apres Bergson, a partir d'une theorie de la perception. Si le cerveau est un << organe de l'attention a la vie >>, si vivre est choisir, il doit y avoir une perception virtuelle qui ne monte normalement jamais a la surface de la conscience, et c'est elle precisement qui est la source des perceptions anormales ou des phenomenes occultes. La telepathie a son domaine entre la sympathie (eprouver ensemble) et l'intuition (concevoir du dedans). Traitant ces phenomenes, la methode de la << science psychique >>se situe au << milieu entre celle de l'historien et celle du juge d'instruction >>. Non comme le juge qui clot le proces en prononcant une sentance, mais comme le juge d'instruction qui ouvre et monte le dossier pour decider de commencer le proces ou non. Et comme l'historien qui, puisant dans des documents fragmentaires, s'appuie sur la croyance fondamentale au temoignage, pour arriver a la veritable probabilite. Les philosophemes de tour et de vers resonnent, mais aussi raisonnent chez Bergson, avec cette science psychique, et par la, avec la philosophie clinique et critique.
著者
柴田 秀樹
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
関西フランス語フランス文学 (ISSN:1341433X)
巻号頁・発行日
no.20, pp.27-38, 2014-03-31

La notion de <<verite>> est discutee continuellement dans le deroulement de la pensee philosophique de Foucault. L'acte antique de la parrhisia, c'est-a-dire le <<dire-vrai>> se situe dans ce contexte, dans la pratique qui allie verite, sujet et pouvoir. Heidegger traite aussi le probleme du dire-vrai. Dans cette etude, nous essayons de comparer les deux philosophes, et d'eclairer la caracteristique de la verite foucaldienne. Chez Heidegger, la verite au sens antique du terme est exprimee sous le nom d'aletheia, mot qui signifie <<etre ouvert>>. On peut <<exister>> dans cet aletheia, ou on peut etre le soi-meme spontanement. Heidegger exprime cette possibilite par le mot Ereignis (evenement), et il discute que le but du <<dire-vrai>>, c'est de provoquer cet Ereignis. Foucault traite lui aussi le theme de l'aletheia, et la possibilite de <<devenir soi-meme>> pour le dire-vrai d'Heiddeger. Mais les differences entre les deux philosophes sont evidentes pour trois acpects: la liberte, la politique et l'alterite. Chez Heidegger, ces trois aspects sont limites. Au contraire, c'est sur eux que Foucault met l'accent dans la parrhesia.
著者
國分 俊宏
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.81, pp.34-46, 2002

A l'exception des pieces de theatre, Raymond Roussei ecrit presque toutes ses oeuvres a la premiere personne, mais le narrateur n'apparait guere dans le texte: le << je >> fonctionne comme un simple cadre du recit. Mais il est bien curieux et paradoxal que cet auteur qui invente cette sorte de rejet du << sujet >> que constitue le << precede >>, s'attache tant a ecrire en disant << je >>. Or, si on observe de plus pres ses textes, on constate que l'utilisation de la premiere personne est essentielle et meme indispensable chez lui. En effet, dans la description, Roussei utilise abondamment des embrayeurs tels que << ici >>, << au loin >>, << la-bas >>, << maintenant >>, << ensuite >>, << a present >> etc. Ces indications qui suggerent la presence du narrateur montrent bien un profond ancrage du <<je>> dans le texte, ne serait-ce que virtuellement. La Doublure, le premier livre ecrit a la troisieme personne compte egalement beaucoup d'embrayeurs. Ecrite ou non a la premiere personne, l'oeuvre de Roussei repose done essentiellement sur la presence du sujet de l'ecriture. De fait, on ne peut ecrire qu'a la premiere personne. Et le << je >> chez Roussei, personnage completement vide, peut etre considere comme une expression de la subjectivite radicale cachee dans la structure meme du langage. Dans la creation litteraire, le sujet qui parle n'existe pas a priori, mais se forme avec les mots. Le << je >> est a la fois la source et l'effet de l'enonciation. Man ame, premier poeme de Roussei, presente de ce point de vue un exemple tres interessant. Dans ce poeme en vers, Roussel decrit son << ame >> en la comparant a une usine ou le << double >> du poete en miniature << fabrique >> les vers. Le texte presente ainsi un jeu de miroir dans lequel le << je >> ecnvant se cree par le << je >> ecrit. C'est le rapport mouvant entre le << je >> de l'enonciation et le << je >> enonce qui est litteralement mise en scene dans ce texte.