著者
小柏 裕俊
出版者
日本フランス語フランス文学会関西支部
雑誌
関西フランス語フランス文学 (ISSN:24331864)
巻号頁・発行日
vol.21, pp.39-49, 2015-03-31 (Released:2017-11-13)

Nedjma, roman écrit en 1956 par Kateb Yacine, est particulièrement réputé pour sa structure compositionnelle agençant plusieurs lignes d’actions menées et racontées par quatre protagonistes(Mourad, Rachid, Lakhdar et Moustapha). Plusieurs critiques y ont vu le symbole de l’Algérie de l’époque, emportée dans une quête d’identité qui ne débouche que sur le vide. Nous tentons ici de renouveler cette interprétation en appliquant une optique du montage qui privilégie, dans la composition romanesque, les « coupes » qui y sont introduites : à savoir les sauts brusques, non expliqués par les voix narratives, d’une ligne d’action à l’autre. Nous pouvons ainsi établir que la voix de Lakhdar s’approprie le récit raconté à la première personne par Mourad, par l’invasion du « je » de ce dernier. De même, les carnets de Moustapha, insérés à intervalles réguliers dans le roman, prennent le relais d’autres voix narratives pour raconter, malgré cette interruption, la suite du récit narré par les autres. Notre conclusion est qu’à travers les coupes, la voix se densifie à l’excès et se surcharge de récits des autres. Le sens de l’opération nous paraît aller à l’encontre du lieu commun de la vacuité de l’Algérie, et témoigner au contraire de la richesse d’une littérature algérienne francophone apte à faire sienne la langue qui lui a été imposée pour renouveler son fonds culturel propre.