Cet article a pour but d'examiner le processus temporel et dynamique qui, d'une part, comme « hésitation » ou « délibération » aboutit continuellement à l'acte libre et, d'autre part, préforme cet acte comme « force » ou « effort ». Quand Bergson critique l'indifférentisme et le déterminisme associationiste dans l'Essai, ce processus joue un rôle très important. Toutefois, en un sens, celui-ci semble paradoxal et incertain, puisqu'il relève à la fois de l'indétermination et de l'intentionnalité. D'abord, afin d'éclairer l'indétermination de l'acte libre dans Matière et mémoire, nous étudierons l'« affection » comme retard sur le mouvement réflexe, ainsi que la sélection des souvenirs, comme association par ressemblance. Puis, à la lumière de Matière et mémoire, nous approfondirons les notions du « schéma dynamique » et de l'« invention » dans L'effort intellectuel, pour examiner l'intentionnalité en rapport avec l'acte préformé. Nous montrerons ainsi les relations internes entre les textes de la première période de Bergson ou les divers aspects de la liberté bergsonienne qui sont le plus souvent considérés à part. Par là, nous verrons que c'est au cours du processus temporel que l'indétermination et l'intentionnalité s'unifient et qu'elles rendent possible une liberté non-indifférente.