- 著者
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片岡 大右
- 出版者
- 日本フランス語フランス文学会
- 雑誌
- フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
- 巻号頁・発行日
- vol.81, pp.3-12, 2002
Chateaubriand, dans le Genie du Christianisme, fait l'apologie du christianisme en raison de sa beaute: attitude bien comprehensible pour le mouvement de retour au catholicisme apres la Revolution, dans lequel le sensible a joue un role essentiel. Mais il ne s'arrete pas toujours a la celebration de la richesse sensorielle; ce qui est a remarquer non seulement dans le Genie mais aussi dans tous ses ouvrages, c'est plutot la disqualification du monde sensible. De ce point de vue, sa << theologie poetique >> apparait comme iconoclaste, moins conforme au luxe du rite catholique que, bizarrement, a la << religion sans culte >> du protestantisme. Cependant il est vain de tenter de lier Chateaubriand a telle ou telle Eglise: dans sa << poetique des ruines >>, le salut integral du monde par la religion n'est absolument pas desirable. Il faut que des felures restent toujours irreparables, au travers desquelles il cherchera, ainsi que son Rene, << un bien inconnu >>, qu'il soit religieux ou non : Pascal considere Jesus-Christ comme le reparateur de la nature, tandis que l'auteur du Genie n'apprecie le christianisme qu'en tant qu'il fait apparaitre les felures que souligne l'acte de reparation. R. Barthes remarque dans l'ecriture de Chateaubriand << une schizophrenic naissante >>, c'est-a-dire une perte legere de l'evidence naturelle face a la realite. Cette reduction annonce le commencement de la litterature moderne, mais elle ne se comprend que par rapport a la tradition du christianisme qui, dans le Genie, n'est plus qu'un simple dispositif ouvrant une voie vers l'inconnu.