- 著者
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熊本 哲也
- 出版者
- 岩手県立大学高等教育推進センター
- 雑誌
- Liberal arts = リベラル・アーツ (ISSN:18816746)
- 巻号頁・発行日
- no.10, pp.101-114, 2016
Le Voyage à Tokyo d'Ozu est un film célèbre qui évoque la destruction progressive des liens parent-enfant au sein des membres d'une même famille dans les années 1950. Il est vrai que dans ce film on voit partout des éléments montrant une coupure entre les vieux parents et leurs descendants. Ceci peut peut-être s'expliquer par la divergence d'appréciation sur le temps vécu ; les moments réitératifs et stagnants chez les parents âgés, en opposition au temps irréversible qui s'écoule sans arrêt du point de vue de leurs enfants. Ces deux groupes générationnels habitent très loin l'un de l'autre et mènent des vies très différentes entre vie traditionnelle à la campagne et vie moderne à Tokyo ; ils vivent et ressentent le cours du temps bien différemment. Or, dans le film d'Ozu, certaines scènes signalent l'heure exacte : il y a, par exemple, celle du tout début du film dans laquelle Shukichi précise l'horaire exact du passage du train à Osaka. En réalité, ce train n'existait pas d'après l'emploi du temps de cette époque. On trouve aussi une autre scène qui dévoile une conversation intime entre Tomi et Noriko, discussion qui commence tout juste à minuit. Ces heures ne sont pas choisies par hasard mais presque par nécessité dans la mesure où le Voyage à Tokyo peut se découler sur un temps répétitif et stagnant, tout en évoquant aussi une histoire de la mort qui symbolise l'irréversibilité de la vie. Noriko jouée par feue Setsuko Hara, veuve du deuxième fils des vieux parents, se trouve du côté de Shukichi et de Tomi, parce qu'elle est aussi une femme qui vit dans des moments figés. Mais à la fin du film, la montre héritée par Shukichi - quoi de mieux pour symboliser le temps ? - permettra de "redémarrer" la vie de Noriko dans le train qui la ramène à Tokyo.