<p>Le présent essai a pour but de mettre en évidence, à partir du cas de la sociologie durkheimienne, la prépondérance du dialogue de la sociologie avec la philosophie au niveau de la constitution d'une perspective et de la discipline de la sociologie. La perspective de la sociologie durkheimienne se base sur la différenciation entre la conscience individuelle et la conscience collective. Selon Durkheim, « considérer les faits sociaux comme des choses » en les appréhendant du dehors permet d'étudier de façon empirique la conscience collective. En adoptant cette méthodologie, Durkheim a séparé la philosophie et la psychologie individuelle de la sociologie, et établi la sociologie en tant que discipline. Cependant, dans la réflexion sur le développement de la sociologie durkheimienne, <i>Les règles de la méthode sociologique</i> apparaissent comme un texte transitoire mentionnant des règles provisoires. En effet, la méthodologie dans <i>Les formes élémentaires de la vie religieuse</i> ne consiste pas uniquement à considérer les choses du dehors, mais de tenter d'aborder la vie sociale en décrivant de l'intérieur les expériences du sujet. Par ailleurs, l'effervescence collective, notion clé de cet ouvrage, pointe du doigt le phénomène montrant la difficulté à établir une distinction entre la conscience individuelle et la conscience collective. Au crépuscule de sa vie, Durkheim s'est penché plus profondément sur cette question, dans une étude de la philosophie pragmatique. Au cours de cet essai, nous étudierons la méthodologie dans <i>Les formes élémentaires de la vie religieuse</i>, puis mettrons en lumière la signification théorique particulière de la notion d'effervescence collective, selon une perspective ontologique. De plus, en nous référant au <i>Pragmatisme et sociologie</i> de Durkheim, nous aborderons l'importance de poursuivre la réflexion « entre » la sociologie et la philosophie pour la reconstitution de la discipline.</p>