- 著者
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大嶋 仁
- 出版者
- 日本比較文学会
- 雑誌
- 比較文学 (ISSN:04408039)
- 巻号頁・発行日
- vol.23, pp.67-78, 1980-12-25 (Released:2017-06-17)
Nous essayons ici d’éclaircir le sens idéologique de l’homicide dans la littérature moderne, choisissant comme exemples “L’ETRANGER” (Albert Camus, 1942) et “LE CRIME DE HAN” (Naoya Shiga,1913). Ces deux oeuvres littéraires ont un sujet commun : l’homicide involontaire et irrationel. Nous voulons comparer les deux crimes pour trouver des idées derrière eux. La ressemblance que nous trouvons entre les deux homicides littéraires est qu’ils ont été produits de la fatigue extrême du corps de chaque criminel. Surtout est-elle remarquable lorsqu’on compare les descriptions du crime : Tout mon être s’est tendu et j’ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette acédé, J’ai touché le ventre poli de la crosse et c’est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J’ai secoué la sueur et le soleil. (“L’ETRANGER”)et j’ai eu comme une sorte d’étourdissement. Pourtant, j’ai fini par lancer — de toutes mes forces — le couteau que j’avais dans la main, au jugé, sans voir la cible, dans le noir pour ainsi dire. (LE CRIME DE HAN”)Dans touts les deux cas, le crime s’est produit comme si le corps du meurtrier avait marché tout indépendant de sa volonté. Et, à notre avis, cette ressemblance signifie le point de vue commun aux deux écrivains : la prédominance du corps sur toute chose. Pourtant, nous ne pouvons pas ne pas remarquer la différence d’expression entre les deux écrivains; Camus essaie avant tout d’exprimer le crime comme une révolte contre toute valorisation sociale, tandis que Shiga l’exprime comme une manifestation d’un être transcendant qui domine le corps humain. Nous supposons que cette différence dérive de celle de leurs civilisations. Or, en ce qui concerne des rapports entre Camus et Shiga, nous pouvons dire que c’est par l’intermédiaire de Nietzsche que les deux puissent s’associer; on sait trop bien l’influence de ce philosophe allemand sur Camus; et l’écrivain japonais, dans sa jeunesse, a trouvé certaine affinité entre ses idées et celles de Nietzsche telles que : Le corps est raison — une grande raison. (“AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA”)