著者
高岡 尚子
出版者
奈良女子大学
雑誌
奈良女子大学文学部研究教育年報 (ISSN:13499882)
巻号頁・発行日
vol.2, pp.123-134, 2006-03-31

Les romanciers français du XIXe siècle ont, semble t-il, une prédilection pour le thème du mariage, et notamment pour la vie maritale dela femme, dans leurs oeuvres. Il nous suffit de citer "La Maison du Chat-qui-pelote (1830)" de Balzac,"Indiana" (1832) et "Valentine" (1833) de George Sand, "Madame Bovary (1856)" de Flaubert, ou bien encore "Une vie (1883)" de Maupassant. Pourquoi le mariage et plus particulièrement la femme dans le mariage ont-ils pu demeurer aussi longtemps les thèmes d'étude principaux de ces auteurs?Dans un premier temps, c'est la condition sociale de la femme qui intéresse les romanciers français. Le code Napoléon, et entre autres le code civil, l'ont rendue totalement dépendante, d'abord de son père et ensuite de son mari. Etant privée de liberté, elle en est ré duite à une soumissionabsolue sans avoir aucune occasion de revendiquer ses droits. George Sand, qui a vécu elle-mêmeune vie conjugale pénible, attaque cette 《société》impitoyable et le système légal du mariage dans ses premiers romans, "Indiana", "Valentine" et "Jacques".Les héroïnes sandiennes sont décrites malheureuses au moment même de leur mariage, parce que le but premier de l'auteur consiste à montrer bien plutôt les lacunes de la législation qui lui était contemporaine, et qui fait du mari 《le maître》 et de la femme 《l'esclave》 ,que les problèmes personnels liés à un mariage en particulier.Ensuite, il s'agit de changements radicaux dusystème social, économique et légal dans cette époquede bouleversements. Cette évolution, suiviede la naissance d'un 《individu》 indépendant ainsi que du mélange des classes sociales, a fait naître de nouvelles formes de mariage. En s'inspirant de ce changement, Balzac consacre ses premiers romans des "Scènes de la vie privée" à la description de 《l'enfance, l'adolescence et leurs fautes》. Ce ne sont pas des garçons, mais des jeunes filles qui se compromettent dans des mariages mal assortis à cause de leur 《faute》 de choix.D'autre part, il nous faut ajouter qu'une nouvelle morale conjugale de la bourgeoisie, qui enferme la jeune fille dans un état d'ignorance, d'innocence et de soumission parfaites a commencé à s'établir. Il en résulte que la sexualité féminine à des fins non procréatrices est anéantie et soigneusement cachée. Cette morale ainsi que l'éducation, qui servent à créer des filles innocenteset angéliques, sont également la source de la tragédie de Jeanne dans "Une vie de Maupassant".Et cette tendance semble se fortifier au cours du XIXe siècle. Ainsi Emma Bovary lit les romansde Balzac et de George Sand où sont exposés le malheur des femmes mal marié es, la passion opprimée ou l'amour raté etc.. Emma, 《y cherchant des assouvissements imaginaires》, nous confirme que la condition féminine n'a pas changé dans le lien conjugal.Ainsi, le mariage, comme point central des 《individus》et de la famille moderne, a continué àintéresser les romaniciers français tout au long du XIXe siècle. Parmi eux, George Sand, femmeécrivain, a joué un rôle majeur, en mettant à jour le vécu réel des femmes mariées et en cherchant 《l'idéal de l'amour dans le mariage》.