- 著者
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今野 喜和人
- 出版者
- 日本比較文学会
- 雑誌
- 比較文学 (ISSN:04408039)
- 巻号頁・発行日
- vol.35, pp.39-49, 1993-03-31 (Released:2017-06-17)
Qui n’éprouve d’embarras devant les trois monologues contradictoires de «Yabu no naka» («Dans le Fourré») d’Akutagawa Ryûnosuke, dans lesquels chacun des trois personnages (Tajômaru, Masago, Takehiro) s’avoue auteur de la mort de Takehiro? Beaucoup de critiques-détectives se sont efforcés de trouver le coupable, mais aucune des solutions ne se révélant absolument convaincante, on commence à lire dans ces trois récits autant de drames psychologiques indépendants, et non pas des mensonges et la vérité. Nous adoptons nous aussi cette perspective, et la figure de Masago retient notre attention. Victime d’un viol par Tajômaru, elle n’en cause pas moins (volontairement ou non) la mort des deux hommes (Tajômaru qui n’échapperait pas à la peine de mort et Takehiro qui meurt de trois manières (!)). Elle s’impose à nous comme Femme fatale, thème favori de la littérature occidentale au XIXe siècle. Akutagawa s’est certainement inspiré de Théophile Gautier (l’image de Nyssia dans «Le Roi Candaule»), mais nous voulons faire remarquer l’influence éventuelle d’O. Henry. Les figures contradictoires de Masago—chaste et voluptueuse, froide et passionnée, féminine et masculine—retracées par ces trois narrateurs peuvent être interprétées, soit comme des variantes de la Femme fatale, soit comme les visages d’une femme telle que la dépeint la déposition de sa mère, placée avant les trois monologues. C’est dans cette ambiguité que réside l’originalité de l’oeuvre, et Masago apparaît comme l’un des personnages les plus énigmatiques produits par la littérature japonaise moderne.