著者
内藤 豊裕
出版者
学習院大学大学院人文科学研究科
雑誌
学習院大学人文科学論集 (ISSN:09190791)
巻号頁・発行日
no.26, pp.131-173, 2017

C'est à partir de la seconde moitié des années 1980 qu'au Japon le phénomène du séiyû, ou acteur de voix, a pris une forme d'autonomie, en même temps qu'une configuration médiatique originale commençait à se bâtir. A partir des années 1990, l'existence du séiyû est sortie de l'ombre. Rien n'a pourtant changé quant à la manière dont un séiyû compose son personnage par l'intermédiaire de la voix. Au début des années 1990, le séiyû s'est présenté comme un artiste. Le mot signifiait « sujet d'expression susceptible d'être diffusé sous des formes diverses, plutôt qu'il ne désignait le praticien d'un art proprement dit. En 1997, SHIINA Hekiru a donné deux jours de concert au NIPPONBUDOKAN, salle éminemment symbolique pour la musique au Japon. A l'époque, SHIINA, bien que Séiyû, ne prêtait sa voix à presque aucun personnage de dessin animé. Contrairement à aujourd'hui, il n'existait pas, à l'époque, d'environnement médiatique favorable à l'expansion de la sphère d'activité des séiyû.SHIINA a acquis une grande popularité comme vedette de la chanson mais elle est aussi un précurseur, dans un temps où le statut de vedette de la chanson était hors de la sphère du séiyû. Ses chansons ont évolué, passant des mélodies typiques de la variétés à une musique de type rock. Cette évolution s'est étendue à l'ensemble de son spectacle et a fini par la faire sortir de la catégorie des chanteuses de variété. Cette musique et ces mises en scène de concert étaient sans doute le reflet du goût et du caractère particuliers de la chanteuse. Ils lui ont permis d'acquérir la position d'artiste à l'identité reconnue et importante pour le public. Enfin le séiyû est devenu un phénomène médiatique indépendant de toute image visuelle.Depuis ce jour, la mise en scène des dessins animés s'est mise à prendre en compte la reconnaissance par le public de l'identité du séiyû. La réception du personnage de dessin animé a cessé d'entrer en contradiction avec la reconnaissance de l'identité personnelle du séiyû. Une telle situation paraît indiquer que le séiyû a atteint la dynamique propre à la vedette du cinéma telle que l'a définie Richard DYER.
著者
内藤 豊裕
出版者
学習院大学大学院人文科学研究科
雑誌
学習院大学人文科学論集 (ISSN:09190791)
巻号頁・発行日
no.25, pp.333-365, 2016

Le Seiyû, en japonais "acteur de voix", n'apparaît pas dans l'image cinématographique doublée. Il est seulement caractérisé par sa voix, qui joue le rôle de l'image de l'acteur à l'écran. Cette structure trouve son origine dans le dessin animé japonais (anime). Le premier exemple de Seiyû à avoir transformé sa voix en image est SHIOYA Tsubasa dans Toriton dans la mer. C'est au cours des années 1980-1990 que le Seiyû devient une vedette et montre son visage. Le métier se transforme et sort de l'ombre pour acquérir une apparence complète et reconnaissable. Ce tournant fut inauguré par le dessin animé Idole des Forces de Défense : Humming Bird où, pour la première fois, des Seiyû étaient mis en vedette. Par la suite, deux points doivent être remarqués: tout d'abord la structure de reconnaissance du Seiyû à travers les médias. D'une projection unilatérale de l'image propre au personnage animé sur celui qui lui prête sa voix, on est passé à l'établissement d'une correlation entre personnage et acteur. Il est arrivé que la silhouette ou le visage d'un Seiyû infl ue sur le dessin d'un personnage, dans lequel chacun pouvait reconnaître celui dont il entendait la voix. En deuxième lieu, le changement a porté sur la formation et le parcours des Seiyû. Auparavant, le métier était cantonné à des acteurs de théâtre, qui en faisaient un gagne-pain secondaire. Ce travail de l'ombre acquit son indépendance graduellement. Or la grossièreté des productions fabriquées en série autour des années 1985 en était venue à menacer l'équilibre du marché du dessin animé au Japon. La mise en spectacle des Seiyû fut un moyen de rétablir la situation. Dans ces spectacles, les acteurs devaient chanter et danser, de sorte que certaines vedettes de la chanson sont devenues Seiyû. Désormais il existe des écoles proposant une formation systématique au doublage de dessin animé. Le Seiyû est devenu un acteur à part entière.
著者
内藤 豊裕
雑誌
学習院大学人文科学論集 (ISSN:09190791)
巻号頁・発行日
no.24, pp.317-347, 2015-10-01

Au japon, certains acteurs sont spécialisés dans l’usage de la voix. On les appelle Seiyû. Contrairement à ce qui se passe en Europe, le doublage japonais ne se soucie guère de synchroniser l’image et la voix. HIROKAWA Taichirô, l’un des Seiyû les plus populaires au Japon, a entrepris de détacher le doublage de la synchronisation dès les années 1970, créant ainsi la vogue du doublage excessif. Ce type de doublage tient compte de la réalité de l’acteur en dehors du personnage auquel il prête sa voix. Ce phénomène trouve son origine dans les conditions de l’introduction du cinéma au Japon.Quand les premiers fi lms muets ont été importés, les Japonais d’alors étant incapables de lire les intertitres, un benshi commentait en direct les événements produits sur l’écran, à la manière du présentateur d’une baraque foraine. Ce benshi était partie intégrante du spectacle cinématographique. Par la suite, le Japon a produit ses propres fi lms muets, généralement constitués de pièces de théâtre enregistrées par la caméra.Ces fi lms étaient très pauvres en moyens narratifs, faute d’intertitres et de montage et du fait de la technique primitive des caméras. Pour y suppléer est apparue une forme particulière d’annoncier, les kowairo-benshi : aussi nombreux que les personnages du fi lm, ceux-ci lisaient le dialogue en direct, mais se limitaient à échanger des répliques, sans aucun commentaire ou description narrative. Leur corps était visible du public.Il est clair que leur fonction ressemble à celle de Seiyû.La généalogie du Seiyû passe donc par le kowairo-benshi, ce qui entraîne deux conclusions : d’abord que le Seiyû prend en charge le dialogue en tant que composante indispensable de l’action, ensuite que son corps se dédouble entre le personnage du fi lm et la réalité de la voix seule.
著者
内藤 豊裕
雑誌
学習院大学人文科学論集
巻号頁・発行日
no.26, pp.131-173, 2017-10

C’est à partir de la seconde moitié des années 1980 qu’au Japon le phénomène du séiyû, ou acteur de voix, a pris une forme d’autonomie, en même temps qu’une configuration médiatique originale commençait à se bâtir. A partir des années 1990, l’existence du séiyû est sortie de l’ombre. Rien n’a pourtant changé quant à la manière dont un séiyû compose son personnage par l’intermédiaire de la voix. Au début des années 1990, le séiyû s’est présenté comme un artiste. Le mot signifiait « sujet d’expression susceptible d’être diffusé sous des formes diverses, plutôt qu’il ne désignait le praticien d’un art proprement dit. En 1997, SHIINA Hekiru a donné deux jours de concert au NIPPONBUDOKAN, salle éminemment symbolique pour la musique au Japon. A l’époque, SHIINA, bien que Séiyû, ne prêtait sa voix à presque aucun personnage de dessin animé. Contrairement à aujourd’hui, il n’existait pas, à l’époque, d’environnement médiatique favorable à l’expansion de la sphère d’activité des séiyû.SHIINA a acquis une grande popularité comme vedette de la chanson mais elle est aussi un précurseur, dans un temps où le statut de vedette de la chanson était hors de la sphère du séiyû. Ses chansons ont évolué, passant des mélodies typiques de la variétés à une musique de type rock. Cette évolution s’est étendue à l’ensemble de son spectacle et a fini par la faire sortir de la catégorie des chanteuses de variété. Cette musique et ces mises en scène de concert étaient sans doute le reflet du goût et du caractère particuliers de la chanteuse. Ils lui ont permis d’acquérir la position d’artiste à l’identité reconnue et importante pour le public. Enfin le séiyû est devenu un phénomène médiatique indépendant de toute image visuelle.Depuis ce jour, la mise en scène des dessins animés s’est mise à prendre en compte la reconnaissance par le public de l’identité du séiyû. La réception du personnage de dessin animé a cessé d’entrer en contradiction avec la reconnaissance de l’identité personnelle du séiyû. Une telle situation paraît indiquer que le séiyû a atteint la dynamique propre à la vedette du cinéma telle que l’a définie Richard DYER.
著者
内藤 豊裕
雑誌
学習院大学人文科学論集
巻号頁・発行日
no.25, pp.333-365, 2016-10

Le Seiyû, en japonais “acteur de voix”, n’apparaît pas dans l’image cinématographique doublée. Il est seulement caractérisé par sa voix, qui joue le rôle de l’image de l’acteur à l’écran. Cette structure trouve son origine dans le dessin animé japonais (anime). Le premier exemple de Seiyû à avoir transformé sa voix en image est SHIOYA Tsubasa dans Toriton dans la mer. C’est au cours des années 1980-1990 que le Seiyû devient une vedette et montre son visage. Le métier se transforme et sort de l’ombre pour acquérir une apparence complète et reconnaissable. Ce tournant fut inauguré par le dessin animé Idole des Forces de Défense : Humming Bird où, pour la première fois, des Seiyû étaient mis en vedette. Par la suite, deux points doivent être remarqués: tout d’abord la structure de reconnaissance du Seiyû à travers les médias. D’une projection unilatérale de l’image propre au personnage animé sur celui qui lui prête sa voix, on est passé à l’établissement d’une correlation entre personnage et acteur. Il est arrivé que la silhouette ou le visage d’un Seiyû infl ue sur le dessin d’un personnage, dans lequel chacun pouvait reconnaître celui dont il entendait la voix. En deuxième lieu, le changement a porté sur la formation et le parcours des Seiyû. Auparavant, le métier était cantonné à des acteurs de théâtre, qui en faisaient un gagne-pain secondaire. Ce travail de l’ombre acquit son indépendance graduellement. Or la grossièreté des productions fabriquées en série autour des années 1985 en était venue à menacer l’équilibre du marché du dessin animé au Japon. La mise en spectacle des Seiyû fut un moyen de rétablir la situation. Dans ces spectacles, les acteurs devaient chanter et danser, de sorte que certaines vedettes de la chanson sont devenues Seiyû. Désormais il existe des écoles proposant une formation systématique au doublage de dessin animé. Le Seiyû est devenu un acteur à part entière.
著者
内藤 豊裕
出版者
学習院大学大学院人文科学研究科
雑誌
学習院大学人文科学論集 (ISSN:09190791)
巻号頁・発行日
no.24, pp.317-347, 2015

Au japon, certains acteurs sont spécialisés dans l'usage de la voix. On les appelle Seiyû. Contrairement à ce qui se passe en Europe, le doublage japonais ne se soucie guère de synchroniser l'image et la voix. HIROKAWA Taichirô, l'un des Seiyû les plus populaires au Japon, a entrepris de détacher le doublage de la synchronisation dès les années 1970, créant ainsi la vogue du doublage excessif. Ce type de doublage tient compte de la réalité de l'acteur en dehors du personnage auquel il prête sa voix. Ce phénomène trouve son origine dans les conditions de l'introduction du cinéma au Japon.Quand les premiers fi lms muets ont été importés, les Japonais d'alors étant incapables de lire les intertitres, un benshi commentait en direct les événements produits sur l'écran, à la manière du présentateur d'une baraque foraine. Ce benshi était partie intégrante du spectacle cinématographique. Par la suite, le Japon a produit ses propres fi lms muets, généralement constitués de pièces de théâtre enregistrées par la caméra.Ces fi lms étaient très pauvres en moyens narratifs, faute d'intertitres et de montage et du fait de la technique primitive des caméras. Pour y suppléer est apparue une forme particulière d'annoncier, les kowairo-benshi : aussi nombreux que les personnages du fi lm, ceux-ci lisaient le dialogue en direct, mais se limitaient à échanger des répliques, sans aucun commentaire ou description narrative. Leur corps était visible du public.Il est clair que leur fonction ressemble à celle de Seiyû.La généalogie du Seiyû passe donc par le kowairo-benshi, ce qui entraîne deux conclusions : d'abord que le Seiyû prend en charge le dialogue en tant que composante indispensable de l'action, ensuite que son corps se dédouble entre le personnage du fi lm et la réalité de la voix seule.
著者
内藤 豊裕
出版者
学習院大学大学院人文科学研究科
雑誌
学習院大学人文科学論集 (ISSN:09190791)
巻号頁・発行日
no.24, pp.317-347, 2015

Au japon, certains acteurs sont spécialisés dans l'usage de la voix. On les appelle Seiyû. Contrairement à ce qui se passe en Europe, le doublage japonais ne se soucie guère de synchroniser l'image et la voix. HIROKAWA Taichirô, l'un des Seiyû les plus populaires au Japon, a entrepris de détacher le doublage de la synchronisation dès les années 1970, créant ainsi la vogue du doublage excessif. Ce type de doublage tient compte de la réalité de l'acteur en dehors du personnage auquel il prête sa voix. Ce phénomène trouve son origine dans les conditions de l'introduction du cinéma au Japon.Quand les premiers fi lms muets ont été importés, les Japonais d'alors étant incapables de lire les intertitres, un benshi commentait en direct les événements produits sur l'écran, à la manière du présentateur d'une baraque foraine. Ce benshi était partie intégrante du spectacle cinématographique. Par la suite, le Japon a produit ses propres fi lms muets, généralement constitués de pièces de théâtre enregistrées par la caméra.Ces fi lms étaient très pauvres en moyens narratifs, faute d'intertitres et de montage et du fait de la technique primitive des caméras. Pour y suppléer est apparue une forme particulière d'annoncier, les kowairo-benshi : aussi nombreux que les personnages du fi lm, ceux-ci lisaient le dialogue en direct, mais se limitaient à échanger des répliques, sans aucun commentaire ou description narrative. Leur corps était visible du public.Il est clair que leur fonction ressemble à celle de Seiyû.La généalogie du Seiyû passe donc par le kowairo-benshi, ce qui entraîne deux conclusions : d'abord que le Seiyû prend en charge le dialogue en tant que composante indispensable de l'action, ensuite que son corps se dédouble entre le personnage du fi lm et la réalité de la voix seule.