- 著者
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内藤 豊裕
- 雑誌
- 学習院大学人文科学論集 (ISSN:09190791)
- 巻号頁・発行日
- no.24, pp.317-347, 2015-10-01
Au japon, certains acteurs sont spécialisés dans l’usage de la voix. On les appelle Seiyû. Contrairement à ce qui se passe en Europe, le doublage japonais ne se soucie guère de synchroniser l’image et la voix. HIROKAWA Taichirô, l’un des Seiyû les plus populaires au Japon, a entrepris de détacher le doublage de la synchronisation dès les années 1970, créant ainsi la vogue du doublage excessif. Ce type de doublage tient compte de la réalité de l’acteur en dehors du personnage auquel il prête sa voix. Ce phénomène trouve son origine dans les conditions de l’introduction du cinéma au Japon.Quand les premiers fi lms muets ont été importés, les Japonais d’alors étant incapables de lire les intertitres, un benshi commentait en direct les événements produits sur l’écran, à la manière du présentateur d’une baraque foraine. Ce benshi était partie intégrante du spectacle cinématographique. Par la suite, le Japon a produit ses propres fi lms muets, généralement constitués de pièces de théâtre enregistrées par la caméra.Ces fi lms étaient très pauvres en moyens narratifs, faute d’intertitres et de montage et du fait de la technique primitive des caméras. Pour y suppléer est apparue une forme particulière d’annoncier, les kowairo-benshi : aussi nombreux que les personnages du fi lm, ceux-ci lisaient le dialogue en direct, mais se limitaient à échanger des répliques, sans aucun commentaire ou description narrative. Leur corps était visible du public.Il est clair que leur fonction ressemble à celle de Seiyû.La généalogie du Seiyû passe donc par le kowairo-benshi, ce qui entraîne deux conclusions : d’abord que le Seiyû prend en charge le dialogue en tant que composante indispensable de l’action, ensuite que son corps se dédouble entre le personnage du fi lm et la réalité de la voix seule.