著者
赤羽 悠
出版者
日仏社会学会
雑誌
日仏社会学会年報 (ISSN:13437313)
巻号頁・発行日
vol.27, pp.107-128, 2016-11-30 (Released:2018-01-31)

Bien que la société moderne soit souvent définie par ses principes démocratiques, liberté et égalité, ces mêmes principes ne constituent pas nécessairement la réalité de cette société. Ainsi nous sommes amenés à nous demander ce qu’est réellement la société moderne démocratique. Louis Dumont répond à cette question en adoptant un point de vue anthropologique qui lui est propre. Tout en soulignant les particularités de l’idéologie individualiste de la société moderne, il met à jour la tension propre qui l’habite et qui provient de l’écart entre son idéologie et la réalité sociale holiste. Les arguments de Dumont ont en cela de particulier qu’ils se fondent sur l’existence nécessaire de la hiérarchie en tant que fait anthropologique. Loin de prétendre que la hiérarchie doit être introduite dans la société moderne démocratique, Dumont démontre qu’elle y existe toujours et déjà en tant que valeur dans la mesure où l’homme est un être jugeant et agissant. La société démocratique est redéfinie, dans cette perspective, comme une société où la hiérarchie, tout en étant refoulée par la représentation individualiste, entre nécessairement dans le domaine de la représentation. Dès lors, la question de la société démocratique ne consiste plus simplement à rendre réels les principes de liberté et d’égalité, mais à articuler une forme de hiérarchie proprement démocratique et irréductible qui ne saurait être réduite à la hiérarchie prémoderne, impossible à retrouver, pas plus qu’à la hiérarchie pathologique, dont nous pouvons donner ici en exemple le racisme aux États-Unis. En d’autres termes, il s’agit de remettre en question le sens du « tout », ou de l’autorité sociale, qui se déploie dans une dynamique propre à la société démocratique. En fin de compte les arguments de Dumont, qui part de la nécessité de hiérarchie, mettent en lumière l’essentialité de cette question dans notre société.
著者
赤羽 悠
出版者
日仏社会学会
雑誌
日仏社会学会年報 (ISSN:13437313)
巻号頁・発行日
vol.27, pp.107-128, 2016

<p>Bien que la société moderne soit souvent définie par ses principes démocratiques, liberté et égalité, ces mêmes principes ne constituent pas nécessairement la réalité de cette société. Ainsi nous sommes amenés à nous demander ce qu'est réellement la société moderne démocratique. Louis Dumont répond à cette question en adoptant un point de vue anthropologique qui lui est propre. Tout en soulignant les particularités de l'idéologie individualiste de la société moderne, il met à jour la tension propre qui l'habite et qui provient de l'écart entre son idéologie et la réalité sociale holiste. Les arguments de Dumont ont en cela de particulier qu'ils se fondent sur l'existence nécessaire de la hiérarchie en tant que fait anthropologique. Loin de prétendre que la hiérarchie <i>doit être</i> introduite dans la société moderne démocratique, Dumont démontre qu'elle y <i>existe toujours et déjà</i> en tant que valeur dans la mesure où l'homme est un être jugeant et agissant. La société démocratique est redéfinie, dans cette perspective, comme une société où la hiérarchie, tout en étant refoulée par la représentation individualiste, entre nécessairement dans le domaine de la représentation. Dès lors, la question de la société démocratique ne consiste plus simplement à rendre réels les principes de liberté et d'égalité, mais à articuler une forme de hiérarchie proprement démocratique et irréductible qui ne saurait être réduite à la hiérarchie prémoderne, impossible à retrouver, pas plus qu'à la hiérarchie pathologique, dont nous pouvons donner ici en exemple le racisme aux États-Unis. En d'autres termes, il s'agit de remettre en question le sens du « tout », ou de l'autorité sociale, qui se déploie dans une dynamique propre à la société démocratique. En fin de compte les arguments de Dumont, qui part de la nécessité de hiérarchie, mettent en lumière l'essentialité de cette question dans notre société.</p>
著者
赤羽 悠
出版者
『年報 地域文化研究』編集委員会
雑誌
年報地域文化研究 (ISSN:13439103)
巻号頁・発行日
vol.16, pp.1-21, 2013-03-31

L’égalité est le principe constitutif d’une société démocratique. Néanmoins, ce fondement démocratique n’est pas nécessairement cohérent avec le principe organisateur de la société. D’oùapparaît une question. Comment s’articulent les deux faits qui se présentent dans le syntagme « sociétédémocratique » : la société et la démocratie ? C’est précisément à cette question que Gabriel Tarde s’affronte en parlant de la hiérarchie qui est un élément organisateur réel de la société. De ce point de vue, notre étude a pour but d’expliciter la notion de hiérarchie chez Tarde et la façon dont elle remet en cause la société démocratique. D’abord, nous clarifions le fait que la hiérarchie chez Tarde est incompatible avec l’idée de l’individu monadique. Sous la représentation des individus égaux l’un à l’autre sans aucune interaction se cache la dynamique de la relation humaine irréductible à cette représentation. Et c’est cette dynamique que le concept tardien de l’imitation, ainsi que la hiérarchie qui en résulte, permettent de saisir. Nous examinons ensuite quel type de hiérarchie Tarde envisage, en même temps qu’il perçoit l’avènement d’une nouvelle ère égalitaire. Il définit une hiérarchie purement spirituelle, qui s’y déploie d’autant plus que la société est libérée des entraves des institutions héréditaires. La hiérarchie consiste dès lors en une tendance sociale de l’esprit. Enfin, nous repensons la raison pour laquelle Tarde appelle « hiérarchie » cette tendance. Pour Tarde, il ne s’agit pas simplement d’indiquer l’existence de la dynamique sociale de l’esprit dans la sociétédémocratique, mais de révéler le devenir des supériorités. En fin de compte, Tarde entend par hiérarchie la dynamique du pouvoir qui dérive exactement de l’instabilité des relations humaines elle-même. Ainsi Tarde explique-t-il au travers du concept de hiérarchie la société démocratique, qui ne se réduit ni à une forme d’individualisme, ni à la présence harmonieuse du social, mais qui provient de la dynamique du pouvoir social.