- 著者
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齋藤 由美子
- 出版者
- 現代文芸論研究室
- 雑誌
- れにくさ : 現代文芸論研究室論集
- 巻号頁・発行日
- vol.2, pp.162-180, 2010-12-27
Le beau-frère à Bordeaux a été tout d'abord écrit en allemand puis a été traduit en japonais. L'héroïne Yuna essaye de retranscrire tous les événements qui se sont passés autour d'elle en écrivant un caractère chinois pour chacun de ces événements. Une longue histoire naît de chacun de ces signes une fois qu'ils ont été défragmentés. Et comme si son dessein se réalisait, un caractère chinois marque le début de chaque partie relatant la journée passée à Bordeaux puis les faits passés, événements qui se succèdent au hasard. On ne peut pas identifier Tawada dans cette héroïne, mais j'ai l'impression que Tawada exprime d'abord ce qu'elle veut écrire au travers d'un caractère chinois, lequel défragmenté, servira de point de départ à la construction du texte. Quel sens revêt cette défragmentation dans l'opération de l'écriture du texte? Alors qu'il serait plus simple de rédiger le texte directement en japonais, pourquoi Tawada passe-t-elle tout d'abord par l'allemand? Que lui apporte cette étape préliminaire? Je considère le passage du caractère chinois à l'allemand comme une sorte de première traduction, puis le passage de l'allemand au japonais comme une seconde traduction. A la lumière des dernières avancées dans le domaine des études sur la traduction, la supériorité de l'original sur la traduction peut être remise en cause. Cependant, la recherche, reste encore indifférente envers la question de la double traduction. La double traduction est loin de l'original et, souvent, elle est cause de malentendus. Du point de vue de la transmission de l'information, la double traduction est considérée négativement. Or c'est précisément par ces caractéristiques qu'elle donne la possibilité de franchir ses propres limites dans le processus de superposition de langues différentes. Une aventure qu'on ne peut prédire, que l'auteur lui-même ne prévoit pas, se réalise.