著者
北垣 徹
出版者
日仏社会学会
雑誌
日仏社会学会年報 (ISSN:13437313)
巻号頁・発行日
no.23, pp.3-21, 2013-03-31

Tres schematiquement et metaphoriquement, on peut decrire le processus de modernisation par la transition du lieu de sacre : celui-ci se deplace du haut en bas, du dehors en dedans. Avant l'epoque moderne, l'image de Dieu est par exemple dessinee tout en haut du ciel qui depasse totalement les choses terrestres. Dieu est cense creer le monde et lui donner quelque ordre, tout en se situant en dehors de tout. Mais dans la modernite, it est <<mort>> en tombant du ciel. Desormais, ce qui devient sacre, ce sont les hommes qui existent sur la terre. Ou plutot, it faudra dire que quelque chose d'humain gagne un caractere sacre. Au debut de la Revolution francaise, ce sont les <<Droits de l'homme>> qui, en depassant tous les pouvoirs existants, servent a fonder une nouvelle constitution politique. Mais a travers le XIX^e siecle, telle notion juridique perd sa validite pour creer la sacralite. Alors, celleci va etre cristallisee, vers la periode de la Troisieme Republique, autour de la notion de personnalite. Charles Renouvier, philosophe neo-kantien, est un des fondateurs majeurs du <<personnalisme>>, qui etablit la foi laique sous le regime republicain. Le sacre humain a toutefois sa difficulte intrinseque structurelle. Comme le montre Emile Durkheim, it doit y avoir une heterogeneite absolue entre le sacre et le profane. Dieu existe donc au ciel, endroit absolument separe du monde terrestre. Mais le sacre moderne, devenu humain, se trouve ici-bas, tout au milieu du monde profane. Il se trouve dedans, au fond de la conscience de chaque individu. C'est donc interieurement, non pas exterieurement, que le sacre est separe absolument du profane. Le sacre moderne revel alors un caractere paradoxal qui produit l'exteriorite tout au sein de l'interiorite. Dans la sacralite humaine, it doit y avoir quelque chose d'exterieur, d'inhumain. La personnalite a aussi un cote cache impersonnel, qui etend secretement au monde exterieur.