著者
高井 奈緒
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.100, pp.205-221, 2012-03-14 (Released:2017-03-31)

Comment des ecrivains dits realistes, dont la description est censee avoir pour enjeux la desidealisation et l'observation d'apres nature, ont-ils represente le maquillage alors meme que celui-ci faisait l'objet de controverses sur la morale et la beaute? Dans De la mode (1845), Gautier critique la couleur naturelle de la peau comme signe de grossierete : it loue le maquillage pudique qui unifie la peau par le blanc et qui ennoblit le corps humain en lui conferant l'apparence de la statuaire. Baudelaire, quant a lui, affirme dans L'Eloge du maquillage (1863) qu'une beaute surhumaine s'acquiert par le fard qui permet de souligner le caractere charnel du corps. Cette sensibilite eminemment subversive au maquillage affleure dans la representation qu'en font les romanciers realistes, representation bien proche des idees de Baudelaire. Dans L'Education sentimentale (1869), Flaubert evoque l'attirance de Frederic pour la paleur du visage des femmes, revelee par le fard qui a coule. Dans Nana (1880) de Zola, la figure de la comedienne, grimee pour jouer La Venus blonde, ensorcelle rapidement le comte Muffat en eveillant en lui la concupiscence, mais au final un tel masque ressemble a ce visage decompose de l'heroine defunte que la variole a frappee : la physionomie inspire desormais l'horreur. Enfin, dans Cherie (1884), Edmond de Goncourt qualifie de <<tache effrayante>> le rouge applique sur le visage moribond de l'heroine. Dans ces trois oeuvres, le maquillage, qui doit normalement dissimuler les defauts et creer une beaute superficielle, fait apparaitre au contraire la chair, le plus souvent maladive ou decomposee sous la peau. Il constitue ainsi un artifice qui permet d'exprimer de facon concrete et realiste le fantasme inconscient des romanciers, fantasme inevitablement associe au desir et a la peur que suscite la chair feminine.