著者
郷原 佳以
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.77, pp.36-48, 2000-10-21 (Released:2017-08-11)

Cette etude est une reflexion sur la narration d'un romen de Maurice Blanchot, Le Tres-Haut (1948). Au cours de notre lecture, nous nous referons a la notion d'≪inquietude≫: nous essayons de montrer qu'il n'y a dans ce roman ni commencement ni fin, que le narrateur n'y parle pas son langage, qu'il ne peut meme etre distingue des paroles narrees, c'est-a-dire du roman lui-meme. Klossowski a fait remarquer que le nom du personnage narrateur, Henti Sorge, devait etre traduit en allemand par Heinrich Sorge, car le Sorge, ≪souci≫, est une notion heideggerienne importante: l'etre propre du Dasein, de ≪l'etre-la≫. Or vers la fin du roman, un personnage, Jeanne, appelle Henri Sorge ≪le Tres-Haut≫. Ces deux noms, Henri Sorge et le Tres-Haut, indiquent que le narrateur est Dieu comme pur souci et rappellent le caractere inquietant du nom de Dieu comme pur souci et rappellent le caractere inquietant du nom de Dieu, voire de tous les noms. Mais ≪le Tres-Haut≫ est aussi le titre du roman. D'ou une sorte d'inchainement de l'≪inquietude≫: outre le narrateur et ses paroles qui sont le roman, sont inquietees la notion d'auteur et celle de Dieu, de sorte que personne ne peut plus etre sujet de la narration. De fait, l'epigraphe se compose de deux repliques d'Henri extraites du texte a l'epigraphe se compose de deux repliques d'Henri extraites du texte a suivre, ou il est affirme sous la forme ≪je suis…≫ qu'on est un piege et la verite. Le ≪je≫ qui, a cette place, est a la fois Henri et le roman et l'epigraphe, donne un avertissement a celui qui s'apprete a parler autant qu'au lecteur. La premiere phrase du roman est aussi une sorte de citation: l'affirmation ≪j'etais un homme quelconque≫ est la reprise a l'imparfait d'une replique d'Henri. Jeanne l'a nomme ≪le Tres-Haut≫, Henri denie desesperement, mais l'exces meme de sa reaction suggere la justesse des mots de Jeanne. Tout le roman peut alors etre lu comme les parolos par lesquelles Henri se denie comme Dieu. Si ses paroles sont aussi vehementes, c'est que sans ce deni, il deviendrait Dieu transcendant, sans plus pouvoir exister comme Henri. Jeanne, au contraire, ne suppoorte pas que Dieu existe devant elle, et elle tire sur Henri. En vain, puisque la derniere phrase du roman est ce cri d'Henri: ≪Maintenant, c'est maintenant que je parle≫. L'histoire du Tres-Haut peut etre consideree comme narree a partir de cet instant, sans qu'Henri, malgre sa declaration, puisse parler son langage. Henri Sorge a passe la mort et ne survit que comme langage, il est a la fois poete et le langage de la poesie.
著者
坂本 尚志
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.104, pp.203-218, 2014-03-15 (Released:2017-03-31)

Les enquetes philosophico-historiques menees par Michel Foucault mettent sans cesse en question la raison totalisatrice et universelle, dont on peut trouver le modele chez Hegel. Si ce philosophe allemand annule ce qui est exterieur a la philosophie par la dialectique, Foucault cherche dans ce <<dehors>> la possibilite d'une nouvelle pensee philosophique. Nous tentons dans ce texte d'examiner cette pensee du <<dehors>>, en prenant comme point d'ancrage l'analyse foucaldienne du concept de la parresia, le dire-vrai de la Grece ancienne. En 1982, Foucault evoque pour la premiere fois ce concept, a savoir l'obligation ethique faite au maitre de dire avec la plus grande franchise la verite a son disciple. Toutefois, l'annee suivante, dans le cours intitule Le gouvernement de soi et des autres, Foucault modifie largement cette definition, et dans son commentaire sur Ion d'Euripide, il met l'accent sur l'origine politique de la parresia. La se pose une nouvelle question : comment la parresia politique s'installe-t-elle au coeur de la philosophie? Se referant a des textes platoniciens, Foucault decrit ce deplacement comme resultat d'une tension entre la parresia et la democratie. Cette <<genealogie>> de la parresia est une critique de la philosophie en general : si le lien entre la parole et la verite est extrinseque a la philosophie, a quel titre le discours philosophique est-il vrai? Ainsi apparait une ligne qui nous mene de la parresia antique a la question kantienne de l'Aufklarung, ligne dans laquelle se trouve egalement la pensee foucaldienne. Cette histoire de la parresia est donc un lieu ou se croisent le passe et le present, ou la philosophie et son dehors.
著者
馬場 智一
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.100, pp.255-272, 2012-03-14 (Released:2017-03-31)

Grand neo-kantien, historien de la philosophie et de la mathematique, editeur des oeuvres de Pascal, Leon Brunschvicg semble avoir peu attire l'attention des commentateurs de Levinas. Il a pourtant consacre deux articles a ce philosophe juif, dreyfusard qui <<ignorait le judaisme>>. Dans cette etude, nous nous interesserons an point de convergence entre l'<<atheisme>> de Brunschvicg et la <<religion d'adulte>> de Levinas. Representant du courant idealiste intellectuel, Brunschvicg caracterise le progres de l'esprit scientifique de l'Occident par le depassement de l'egoisme biologique de l'etre humain. Ii souligne en outre que les religions positives restent encore prisonnieres de cet egoisme, car leur notion du salut, promesse d'une vie eternelle, atteste d'un penchant au conatus essendi. Le progres scientifique de l'esprit humain a travers l'histoire permet en revanche a l'humanite d'atteindre une morale veritable, sans aucun egoisme dissimule. Ce progres est une sorte de developpement de l'humanite, depuis l'enfance jusqu'a la maturite, que Brunschvicg appelle la conversion a l'atheisme. Finalement, le philosophe, a travers ce spiritualisme <<athee>>, travaille a la realisation d'une societe universelle juste. C'est cette idee d'attitude desinteressee du philosophe que Levinas reprend dans son interpretation du judaisme comme <<religion d'adulte>> nourrie par la tradition de la science talmudique. En raison de la preeminence de la science philologique au XIX^e siecle, ce judaisme a pendant longtemps ete oublie. Directeur de Fecole normale israelite orientale, Levinas fut l'un des principaux acteurs de son retablissement. Pour lui, le messianisme juif, a l'oppose de l'egoisme, n'est rien d'autre que ce desinteressement qui porte en lui l'aspiration du philosophe a forger un monde parfaitement juste.
著者
鈴木 順子
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
no.100, pp.239-253, 2012-03-14

Que Simone Weil soit l'une des premieres lectrices de Daisetz Suzuki en France est un fait peu connu. Cet article tentera de mettre en lumiere les caracteristiques de la lecture weilienne de Daisetz et l'influence que le bouddhisme zen a exercee sur Weil dans ses dernieres annees. Weil a lu en 1942 Essays in zen bouddhism 2^<nd> series de Daisetz, et a tout de suite copie tous les poemes bouddhistes dans ses essais. Elle en a ensuite traduit plusieurs en francais. Apres deux mois d'etude, elle a finalement ecrit ses reflexions sur les notions zen-bouddhistes et etabli des comparaisons avec la philosophie occidentale et les autres religions. Ainsi, son etude sur cette oeuvre a ete tres progressive, soigneuse et dense. Dans cette etude, Weil remarque particulierement la technique du <<Koan>>, et surtout sa force de destruction de la partie discursive et intelligente de Fame. Cette partie, d'apres Weil, n'est detruite que par une joie intense de pure contemplation (Mystere, experiences mystiques) ou par une douleur et un malheur extremes (Passion du Christ, Exercices Koan de bonzes). Apres cette destruction, dit-elle, les capacites intuitives sont acquises. Depuis 1938, Weil etudiait plusieurs religions, mythes et folklores et tentait de leur trouver un fondement commun. La rencontre avec Daisetz en 1942 a renforce sa conviction que c'est veritablement Dieu (personnel et aussi impersonnel) qui donne les souffrances et les malheurs aux hommes pour que cette destruction soit accomplie. Mais ii y a une grande divergence entre Weil et Daisetz. Alors que ce dernier souligne que cette destruction introduit le Satori (l'illumination) et amene les hommes au Jodo (la terre pure), la philosophe neglige ce theme. Tout en pensant que l'invocation au Bouddha est aussi efficace que l'invocation au Christ, Weil nie l'importance du Jodo. Cette lecture originale est fortement liee a l' indifference de Well envers la resurrection du Christ et la vie eternelle.
著者
森田 美里
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
no.106, pp.159-174, 2015-03-25

Cette etude a pour objectif de determiner la fonction d'un son produit avec la langue sur les points d'articulation alveolaire ou dental sans flux respiratoire, dans le discours de locuteurs francophones natifs. Le <<shitauchi>> pourrait se traduire litteralement par <<petit claquement de langue>>. Dans la communication entre Japonais et Francais, il est cause de malentendus et de quiproquos du fait qu'en japonais il marque principalement l'agacement. Neanmoins, il n'a jamais fait l'objet d'etude dans ce contexte car il est considere comme une simple emission buccale que, par ailleurs, les Francais ne percoivent pas. Nous avons sollicite des Francais pour l'execution de trois taches : d'abord, raconter un recit ; ensuite, indiquer un chemin ; enfin, observer des sequences televisuelles comme une interview d'artiste, un debat politique, etc. Ces recherches permettent de formuler trois hypotheses majeures : 1) en francais, il y a congruence entre le shitauchi et Les marques du travail de formulation (Candea 2000), 2) fonctionnellement, il s'agit d'attirer l'attention sur soi ou sur son propos, 3) les emplois concernent le traitement de l'information ou de l'expression, le changement de sujet ou de niveau du discours, l'amorcage de l'information, la prise de parole ou une manifestation de l'agacement du locuteur.
著者
伊藤 玄吾
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
no.85, pp.221-231, 2005-03-01

L'appreciation de la reforme metrique de Baif est partagee, depuis son apparition, en deux camps radicalement opposes. Le jugement negatif le plus repandu insiste sur l'impossiblite de la metrique quantitative dans la poesie francaise, car ce serait avant tout contre la nature de la langue, qui ne distingue pas les syllabes longues et courtes. Effectivement, si l'on essaie de comprendre les vers mesures en scandant uniquement a partif des connaissances plutoto scolaires de la metrique latine et de la phonetique istorique du francais, il sera difficile de saisir la realite du nouveau systeme du poete. Alors que les litteraires avaient et ont ainsi tendance a juger les vers mesures de maniere meprisante, les musiciens et les musicologues de leur cote ont continue a considerer cette tentative comme plutot positive et interessante, en observant le meme probleme du point de vue de la mise en musique : comment traiter le decalage rythmique ou accentuel entre le texte lu 'naturellement' et sa version chantee, surtout quand la musique demande de 'mesurer' les vers en notes longues et courtes? La presente etude se propose d'aborder la metrique baifienne de maniere plus souple, tout en tenant compte des elements qui permettront d'apprecier le souci metrico-musical du poete, car il semble particulierement important de reconcilier les analyses metriques de la litterature et celles de la musique pour bien comprendre le projet de Baif sans etre trop speculatif. A titre d'exemples nous traitons les trois versions de l'adaptation du psaume LCVIII, dont les deux premieres (1569, 1573) sont en vers mesures et la derniere (1587) en vers rimes. Une comparaison de ces trois textes montre comment la version de 1573, mise en musique par le compositeur Jacques Mauduit (et conservee dans un ouvrage de Mersenne), est preparee et corrigee par rapport a celle de 1569 avec un souci de logique metrico-musicale. On releve notamment des operations comme l'elimination du e muet la ou tombe un accent musical ainsi que l'arrangement syllabique et syntaxique qui en reslute. Cette version, la plus elaboree en vers mesures de 1573 est aussi, malgre 'la contrainte metrique', la plus fidele au rythme du texte hebraique. On pourrait y voir la possibilite d'unification ideale entre l'hellenico-latinisme, l'hebraisme et la poesie francaise telle que l'imaginait Baif.
著者
倉方 健作
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
no.91, pp.127-139, 2007-09-20

L'ordre chronologique incertain des oeuvres de Rimbaud et ses rapides evolutions posent un probleme majeur, lorsqu'on cherche a identifier les influences poetiques reciproques entre Verlaine et ce dernier. Avant leur rencontre, Rimbaud a connu une telle evolution, attestee par ses <<lettres du Voyant>>et le rejet de ses premiers poemes, evolution dont Verlaine devait avoir connaissance. Dans une lettre a Rimbaud datee du printemps 1872, Verlaine lui demandait de lui envoyer ses <<prieres nouvelles>>ainsi que ses <<vers anciens>>. Il s'est donc rendu compte de la rupture entre deux periodes de la production rimbaldienne, bien avant son eventuelle lecture des <<lettres du Voyant>>. Verlaine avait une predilection pour certains poemes de Rimbaud ecrits avant leur rencontre. Du <<Bateau ivre>>, il a apprecie le <<debut imprevu, sans phrase, sans Il y avait une fois>>ou l'enonciateur s'identifie au bateau. La poetique des Romances sans paroles, dont l'impersonnalite sollicite l'empathie du lecteur, tient de cette caracteristique. Dans la deuxieme <<Ariette oubliee>>, l'enonciateur <<en delire>>devient <<une espece d'oeil double>>ou <<tremblote l'ariette de toutes lyres>>. Ce meta-poeme qui fait fonction de cadre du recueil nous revele ainsi une nouvelle poetique. Cependant, ce poeme, dont le titre initial etait <<escarpolette>>appartient en meme temps a l'univers de Watteau, des Fetes galantes. On voit donc que Verlaine n'a pas simplement repris la poetique rimbaldienne, mais qu'il l'a integree a sa poetique propre. Comme l'affirme Claude Cuenot, <<il n'a <<rimbaldise>>que pour devenir plus verlainien et se reveler a lui-meme>>.