- 著者
-
岩切 正一郎
- 出版者
- 国際基督教大学キリスト教と文化研究所
- 雑誌
- 人文科学研究 (キリスト教と文化) = Humanities: Christianity and Culture (ISSN:00733938)
- 巻号頁・発行日
- no.45, pp.137-157, 2014-03-31
Notre étude analyse le mécanisme d'un transfert d'images représentantl'objet de désir, qui travaille dans les deux tableaux, La Vénus d'Urbino deTitien et Olympia de Manet, en observant tout particulièrement la triangleformée sous le drap en dessous de la nuda reclina.Dans La Vénus d'Urbino, un triangle béant est rempli par un matelasrichement brodé qui connote la promesse du bonheur conjugal. Il révèle,sous la main droite de la femme, ce que cache sa main gauche, non pasd'une façon réaliste comme dans L'Origine du monde de Courbet, maisd'une façon métonymique et métaphorique.Quant à Olympia, dans le même triangle se montre seulement unecertaine pauvreté matérielle. Ce qui vient de le suppléer dans ce tableau etqui crée métaphoriquement une image de l'objet désiré à travers sondéplacement, est le bouquet avec son papier blanc montré par la servantenoire.Que signifie cette différence entre le matelas brodé (signe de culture) etle bouquet (signe de nature) qui, tous les deux, remplissent le vide ouvertdans la figure triangulaire ? On peut dire que dans La Vénus d'Urbino, c'estla complicité de la femme qui comprend bien le désir de son futur mari quipermet au tableau de créer une volupté profonde, alors que dans Olympia,on constate le refus de la femme de participer à telle réalisation coopératived'une vision amoureuse, refus qui tranche avec ladite complicité.Longtemps on a vu le scandale d'Olympia dans le bouquet et le chathérissé qui indiquaient la présence d'un homme dans la chambre d'uneprostituée en lequel le spectateur bourgeois ou petit-bourgeois devant letableau se serait vu obliquement représenter. En réalité, le véritablescandale du tableau consiste, selon nous, en la mise en évidence dudysfonctionnement du mécanisme censé opérer pour la création d'uneillusion complice d'amour.S'il est deux sortes de répétitions comme les définit Deleuze dansDifférence et répétition, c'est-à-dire une répétition comme « l'élément d'actionapparemment répété » et une « répétition plus profonde », La Vénusd'Urbino et Olympia marquent, dans l'histoire de la répétition apparente dela nuda reclina, deux moments de la répétition « plus profonde » d'uneintensité égale qui se traduisent respectivement par la naissance et la mortdu mécanisme d'engendrement de l'illusion d'amour.