著者
今野 安里紗
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.120, pp.51-66, 2022 (Released:2022-03-31)

L’échec d’un voyageAnti-maturité d’une fille dans En Famille de Marie NDiayeArisa KONNO   En Famille (1991), le quatrième roman de Marie NDiaye (1967-), reprend l’intrigue du chef-d’oeuvre du même titre écrit par Hector Henri Malot (1830-1907), et de certains contes et mythes. Nous reconsidérons l’oeuvre comme une réécriture du récit initiatique à destination des filles, en examinant la métatextualité autour des motifs du voyage.   L’héroïne de dix-huit ans qui se fait appeler Fanny, part en voyage pour retrouver sa tante, afin de découvrir la vérité sur sa famille. Son voyage en quête d’histoires de famille retrace un récit de voyage typique de la littérature pour enfants et des contes de fées. Nous insistons sur le fait que, dans ce roman, les échecs du voyage représentent la déconstruction du discours sur la maturité des femmes.   En nous concentrant sur la métafiction du voyage, nous discuterons tout d’abord du processus par lequel l’héroïne entreprend activement le voyage comme initiation à l’autoformation. Ensuite, nous analyserons la relation entre l'interruption du voyage et les épisodes relatant les mariages de l’héroïne, ce qui nous permettra de constater que le voyage, censé représenter la maturité normative, s’avère contraire à la norme idéale de la maturité féminine. Enfin, nous verrons que les caractéristiques de la forme du texte, c’est-à-dire le remplacement de la narratrice qui place l’histoire du voyage de la fille en arrière-plan du texte, permet le renversement du récit initiatique considéré comme idéal pour des filles. Le voyage, chez NDiaye, est interprété comme la représentation de l’effacement de soi. Nous insistons sur le fait que le motif du voyage dans En Famille représente le désir, chez une fille, de choisir sa propre vie. L’effondrement de l’intrigue, typique du récit de voyage, peut représenter le démantèlement de l’histoire normative de la maturité féminine.
著者
堀 千晶
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.96, pp.159-170, 2010-03-20 (Released:2017-08-04)

Deleuze, au debut de Empirisme et Subjectivite : Essai sur la Nature humaine selon Hume, pose l'identite de l'esprit et de l'imagination, et ne cesse de la reaffirmer tout au long du livre. La valeur de cette affirmation est constatee quand Deleuze definit l'empirisme de Hume comme <<philosophie de l'imagination>>. Et cependant, cette identification, Hume a son tour ne la dit jamais, du moins de facon manifeste : l'esprit selon Hume est toujours l'ensemble d'impressions et d'idees, l'imagination n'etant que la collection des idees. De sorte que dans Empirisme et Subjectivite, il existe implicitement deux definitions divergentes de l'esprit, celle authentique de Hume (impressions et idees) et celle transposed de Deleuze (idees ou imagination). Deleuze ote l'impression presente a la definition de l'esprit, et cette reticence reiteree lui permet d'introduire, dans sa lecture de Hume, la theorie bergsonienne du passe et de l'habitude, qui agissent independamment de l'impression presente. Le frivole chez Hume - theme constant et serieux de sa philosophie morale, croyance en ce qui n'a jamais ete present, voire en ce qui n'est meme pas presentable dans l'imagination - est fonde selon Deleuze sur la conjonction de la presence et de la non-presence, de l'experience et de l'habitude. Cette conjonction ouvrira, au cceur meme de la subjectivite, la possibility generale de la fiction, de la fabulation et de la tromperie.
著者
柴田 秀樹
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.121, pp.103-117, 2022 (Released:2022-08-31)

La théorie de la traduction chez Michel FoucaultHideki SHIBATA   En 1964, Pierre Klossowski a publié L’Énée, traduction monumentale de l’épopée virgilienne. Cette traduction presque littérale a suscité une vive controverse dans le champ littéraire de l’époque. Michel Foucault a d’emblée répondu à Klossowski en lui dédiant la critique intitulée « Les Mots qui saignent ».  Ce texte sur le sujet de la traduction mérite notre attention, car il est extrêmement rare que Foucault aborde cette question dans l’ensemble de ses écrits. Ce court texte peu connu soulève des questions ; quelle traduction est-elle idéale pour lui ? : quelle relation y a-t-il entre ce sujet de traduction et ses autres études ?  Afin de répondre à ces questions, il est intéressant de remarquer qu’il y a un autre texte de Foucault, « La Prose d’Actéon », qui porte sur les œuvres de Klossowski. L’auteur y aborde le sujet de la littérature que nous retrouvons également dans ses autres écrits. C’est pour cela que notre étude compare les deux textes.  Nous pouvons résumer que chez Foucault le sujet de la traduction contient trois aspects : la « violence », le « simulacre » et la « transgression ». D’abord la violence, parce que l’ordonnance du texte traduit est éclatée par rapport à celle du texte original. Puis le simulacre, parce que le mot traduit reste le simulacre du mot original et de la même manière le texte traduit est le simulacre de l’œuvre originale. Et finalement la transgression, parce que le texte traduit veut s’identifier avec le texte original dans son impossibilité.  En conclusion, nous supposons que ce que Foucault défend dans « Les Mots qui saignent » est l’unité de ces trois aspects et qu’elle démontre la spécificité de sa théorie de la traduction.
著者
浜永 和希
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.121, pp.21-36, 2022 (Released:2022-08-31)

Ce que les poètes taisent à propos de fleursLe revers de l’image héroïque du poète chez Baudelaire, Banville et RimbaudKazuki HAMANAGA   Rimbaud a envoyé deux lettres à Banville. Dans la lettre du 24 mai 1870, il dit son admiration pour lui et parle de sa passion pour la poésie. Le ton change dans la lettre du 15 août 1871 : elle commence par la citation d’un long poème, intitulé Ce qu’on dit au poète à propos de fleurs, et à la fin duquel figure une signature : « Alcide Bava ». Des commentateurs se sont disputés sur le message de ce poème : pour les uns, c’est une parodie de la poésie de Banville ; pour les autres, un pastiche amical. Mais cette problématique est trompeuse, car tous semblent à tort considérer Banville comme un poète naïf, qui chante la beauté des fleurs dans des vers savamment composés.  Banville n’est pas un pur esthète. Dans À Théodore de Banville, Baudelaire assimile la destinée du poète à celle d’Hercule, impliqué dans une série de vengeances. Le revers de l’image héroïque du poète y est exposé : le sang qui s’écoule des pores du poète suggère la syphilis, le prix qu’il doit payer pour un plaisir éphémère. Aussi Banville fait-il un clin d’oeil à son ami dans À Charles Baudelaire, où la rose fait allusion à la roséole. Lorsqu’un poète se livre à la débauche, il oublie l’intérêt public qu’il devrait poursuivre en tant que héros, et laisse son âme rongée par l’égoïsme. Banville conseille à Baudelaire de ne pas s’opposer à la société en la dénonçant, sans pour autant récuser cette dénonciation. Il se tait sur la dégradation du poète-héros.  Rimbaud est intraitable vis-à-vis de cette hypocrisie. S’interrogeant sur l’amour dans la première et la dernière section de son poème, il se refuse à un amour égoïste. Mais l’idée de l’amour altruiste que forme Rimbaud est trop fragile, et peut-être trop puérile, pour être exprimée sans détour. Il a ainsi substitué on à je, et les fleurs à l’amour, comme il s’est dissimulé sous le masque d’Alcide Bava.
著者
武田 はるか
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.101, pp.207-222, 2012-08-31 (Released:2017-03-31)

La derniere piece de Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non, est d'abord diffusee a la radio en 1981, puis publiee chez Gallimard l'annee suivante. Depuis sa creation par Simone Benmussa au theatre du Rond-Point a Paris en 1986, elle est la plus connue des six pieces de Sarraute. La formule conventionnelle du titre, Pour un oui ou pour un non, qui signifie <<a tout propos>> ou <<pour un rien>>, renvoie au sous-titre de la piece Isma, ecrite en 1970 : ce qui s'appelle rien. En effet, comme l'indiquent ces titres, Sarraute poursuit, dans ses pieces autant que dans ses romans, recriture de ce qu'elle appelle des tropismes, ces <<mouvements interieurs tenus qui glissent tres rapidement au seuil de notre conscience>> (1974), et qui se produisent toujours a partir d'un petit rien. Cette piece consiste essentiellement dans des dialogues entre deux amis, H. 1 et H. 2. Elle commence par la scene ou H. 1 demande pourquoi H. 2 a unilateralement rompu leur tres ancienne relation amicale. Ce dernier precise la raison de cette rupture, qui parait a l'autre un rien futile, insignifiant. Il s'agit des mots que H. 1 lui a dits autrefois sur un ton nuance qui a paru a H. 2 quelque peu protecteur : <<C'est bien... ca...>>. A partir de cette phrase tiree d'un passe portage, leur conversation se developpe dans les directions variees. Elle ne s'oriente pas vers une reconciliation, mais vers <<un combat sans merci>>, et est comique par certains cotes. Quoi qu'il en soit, it ne suffit pas de comprendre le sens de leurs mots pour apprecier profondement cette piece. Pourquoi? Parce que les donnees explicites de ce drame humain dissimulent, tel un trompe-l'oeil, un autre drame latent. Est en jeu dans notre etude ce second drame invisible, qui consiste dans l'image abstraite des mouvements des mots. On pourra constater, la fin de notre analyse, que Sarraute parvient a une nouvelle ecriture dialogique qu'elle continuera a travailler dans ses derniers livres, depuis Enfance, en 1983, jusqu'a Ouvrez, en 1997.
著者
中村 隆之
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.89, pp.171-183, 2006-07-31 (Released:2017-08-11)

Bien qu'Edouard Glissant soit aujourd'hui celebre pour sa pensee du ≪Tout-Monde≫, sa demarche litteraire reste peu connue du public, si l'on excepte un certain nombre d'ecrivains et les chercheurs. Cette etude se donne pour but de mettre en relief le theme de la reappropriation du passe qui impregne toute son oeuvre, a partir de la lecture de son deuxieme roman, Le Quatrieme Siecle (1964). Le Quatrieme Siecle, recit en quete de la memoire confisquee par la colonisation, met en scene deux protagonistes: Mathieu Beluse et papa Longoue. A la recherche de la memoire brisee, le premier oppose souvent sa conception du passe a celle du dernier. Pour le jeune historien qu'est Mathieu, le passe peut et doit etre reconstitue comme des faits etablis par la methode scientifique. Papa Longoue, sorcier, encourage Mathieu a ≪voir≫ le passe a la facon du voyant. Au bout de ces deux visions antagoniques, on decouvrira chez papa Longoue l'idee d'une ≪vision prophetique du passe≫, destinee a produire une imagination de ce qui s'est passe, a partir des traces laissees par le passe, grace a l'inspiration poetique. C'est ainsi que papa Longoue initie Mathieu a la connaissance du voyant. Mais la synthese des deux visions opposees provoque chez Mathieu une crise spirituelle qui le conduit a renoncer a l'ecriture de l'histoire. Le Quatrieme Siecle temoigne des difficultes rencontrees dans le proces de reappropriation de la memoire dans les pays colonises. Ce roman offrirait aussi l'occasion de repenser la notion d'histoire, a cette epoque ou les pouvoirs tentent a nouveau d'effacer de l'histoire officielle la memoire de l'autre.
著者
苅谷 俊宣
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.98, pp.161-170, 2011-03-18 (Released:2017-08-04)

Ecrivain, poete, Antonin Artaud est aussi un epistolier digne d'attention. Ce qui caracterise sa correspondance, ce n'est pas la quantite, mais l'usage qu'il en fait. Curieusement, Artaud ne distingue pas ses lettres de ses oeuvres et publie de preference ses lettres. L'epistolaire n'est pas convoque pour son usage biographique mais comme production litteraire. Cette confusion entre la vie et l'oeuvre a toujours ete une problematique chere a Artaud. Sa carriere litteraire debute avec la publication de sa Correspondance avec Jacques Riviere (1924). Seulement, apres avoir accepte l'invitation de ce dernier a publier leurs missives comme oeuvre litteraire, Artaud lui reproche de <<chercher a mettre sur le plan litteraire une chose qui est le cri meme de la vie>>. Artaud souhaite que ses ecrits temoignent de chaque instant de sa vie, c'est pourquoi il publie regulierement des lettres. Cependant, de par leur nature fragmentaire, les lettres ne peuvent representer une realite totale, celle par exemple qu'Artaud des annees 1930 s'efforcera de retrouver dans l'esoterisme. Les oeuvres epistolaires d'Artaud des annees 1940 mettent en jeu cette contradiction, plutot qu'elles ne la resolvent. Dans les Lettres de Rodez (1946), Artaud denonce des complots contre lui, auxquels on ne trouve aucune reference exterieure. Alors que les lettres portent la mention de dates et de destinataires reels, tout est, pour Artaud, mensonger en dehors de ses ecrits. Les lettres d'Artaud sont donc une sorte de trompe-l'oeil. La realite ne s'exprime qu'au pied de la lettre. Il en est ainsi pour l'identie de poete. Artaud nous le demontre par sa lecture d'une lettre de Lautreamont (<<Lettre sur Lautreamont>>).
著者
谷口 亜沙子
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.93, pp.166-179, 2008-08-25 (Released:2017-08-04)

De sa participation a la Mission Dakar-Djibouti (1931-1933) a titre de secretaire-archiviste, Michel Leiris a tire trois ouvrages: L'Afrique fantome, La Possession et La Langue secrete des Dogons de Sanga. Contrairement aux deux premiers, souvent mentionnes par les critiques litteraires, le dernier n'est guere frequents d'eux et forme comme une enclave lointaine au sein des etudes leirisiennes. Le present article se donne pour tache d'explorer ce texte qui est le memoire de diplome ethnographique de Leiris. Sa date de redaction, de 1935 a 1938, nous offre deja une prise precieuse: it s'agit d'un moment de transition de L'Age d'homme a La Regle du jeu. On sait en effet qu'un changement important surgit dans Le Sacre dans la vie quotidienne, un expose oral donne au College de sociologie. Dans ce texte, redige alors que La Langue secrete allait etre achevee, Leiris raconte pour la premiere fois des souvenirs d'enfance concernant le langage, ce qui declenchera aussitot le long cyle de La Regle du jeu: son autobiographie inclinera des lors moins vers les faits erotiques au profit des faits de langage. Or, si un tel tournant linguistique commence a poindre dans ce petit texte charniere, n'a-t-il pas ete concu et ferments au cours du long travail sur La Langue secrete? Partant de cette perspective, la presente etude examine une affinite deconcertante entre la description par Leiris de la signification du <<rouge>>, couleur sacrse chez les Dogons, et un passage sur une <<rougeur>> particuliere, demesurement developpe a l'apogee meme de La Regle du jeu. Coincidence ou hasard, ce constat nous fait entendre d'autres echos non moins curieux, comme si, apres tant de detours et tant d'annees, Leiris semblait repondre a une ancienne question qu'il s'etait imposee dans la derniere phrase du Sacre dans la vie quotidienne: <<quelle couleur a pour lui la notion meme du sacre>>.
著者
高橋 梓
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.104, pp.187-202, 2014-03-15 (Released:2017-03-31)

Le theme de la <<passante>> dans A la Recherche du temps perdu a ete fortement influence par le poeme de Baudelaire <<A une passante>>. Dans le roman de Proust, l'apparition instantanee de passantes intensifie l'interet que le narrateur porte a la beaute fugitive, ainsi que Baudelaire decrit le phenomene. Pourtant, une passante n'est pas seulement une illusion fugitive : elle constitue une figure tres speciale, d'un dynamisme momentane. Cette importance chez Proust de la beaute <<inhabituelle>> est en relation avec la description qu'en fait Baudelaire dans son poeme. Dans <<A une passante>>, la femme s'accompagne de l'image de la mort. Sur ce point, dans ses critiques litteraires, Proust donne de l'importance au sujet de la mort dans les Fleurs du mal et identifie parfois la mort a la notion d'eternite, qui semble une entite diametralement opposee a la realite ennuyeuse. Pour Proust, la rencontre de la passante provoque un choc, comme la mort le fait, et elle fait entrevoir l'eternite au narrateur. Ce mecanisme est tout a fait comme celui de la reminiscence : une sensation cree chez le narrateur un choc inconnu et lui procure une joie extra-temporelle, une sorte d'eternite. Il y a une autre essence dans la beaute particuliere de la passante : c'est le dynamisme. Comme critique d'art, Baudelaire considere le geste fugitif comme d'essence artistique. En fait, dans <<A une passante>>, le mouvement dynamique de la femme cree pour un instant une vision inhabituelle et frappante. Sur ce point, on peut voir l'influence de cette esthetique de Baudelaire sur la Recherche : dans le roman, le mouvement ininterrompu de la passante elimine parfois la demarcation autour de sa figure et cree une vision singuliere. Ce phenomene se retrouve dans l'esthetique de l'impression chez Proust, qui donne au heros ce meme plaisir de la reminiscence. Dans la Recherche, Proust reflete ainsi l'esthetique du dynamisme de la passante de Baudelaire et il met en relief la beaute de cette figure en l'unifiant au sujet de l'impression.
著者
進藤 久乃
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.104, pp.237-254, 2014-03-15 (Released:2017-03-31)

A la fin des annees 1930, la peinture surrealiste est a un tournant et connait une nouvelle tendance marquee par le <<retour a l'automatisme>>, a la grande satisfaction d'Andre Breton. Celui-ci pointe un autre probleme dans le domaine de la representation artistique, auquel il donne le nom de <<quatrieme dimension>>. Cette question, susceptible de remettre en cause l'apprehension de la realite, est consideree par l'ecrivain en parallele avec l'automatisme, bien que ces deux recherches operent en sens contraire : l'un met en probleme la reconnaissance du monde, tandis que l'autre relieve de la quete surrealiste du monde interieur. Breton considere le probleme de la <<quatrieme dimension>> principalement du point de vue de l'introduction du temps dans les representations bidimensionnelles. Dans des textes comme <<Phare de la Mariee>> et <<La peinture animee>>, Breton propose au spectateur de considerer plusieurs tableaux d'une maniere successive, ce qui met necessairement en jeu la dimension temporelle. En outre, sous l'inspiration des reflexions de Breton, Oscar Dominguez invente une nouvelle technique, le <<lithochronisme>>, qui consiste a confondre intentionnellement metamorphose temporelle et fusion dans l'espace. En empechant la reduction rationnelle des objets representes aux cadres spatio-temporels preexistants, cette technique s'efforce de transformer la vision du spectateur. Ces reflexions sur la <<quatrieme dimension>> ne sont pas sans rapport avec la quete sur l'automatisme, dans la mesure ou l'un des caracteres morphologiques de celui-ci est l'<<unite rythmique>>, trace de la pulsion interieure dont l'achevement seul revele la signification. Par le recours a la <<quatrieme dimension>> ou a l'<<automatisme>>, la peinture surrealiste engage le spectateur dans une duree dont le terme est inconnu. Ces deux problematiques de la peinture surrealiste se croisent necessairement : les recherches sur la nouvelle reconnaissance du monde impliquent le sujet, tandis que les traces du monde interieur en viennent a prendre une forme concrete.