著者
小川 直之
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.92, pp.155-168, 2008-03-21 (Released:2017-08-04)

Il s'agit d'un double feuillet de parchemin bien probablement du debut du XIV^e siecle. Ce feuillet, dont la partie superieure est entamee, contient un fragment de prose francaise en 236 lignes lisibles. Il a ete trouve chez un marchand de curiosites parisien. Le texte du fragment raconte une page de la guerre que les barons de Chypre sous le commandement de Jean d'Ibelin ont faite a Frederic II du Saint-Empire romain : il decrit, par exemple, la bataille de Casal Imbert qu'il date du mardi 3 mai 1232. Nous y avons reconnu la Continuation de Guillaume de Tyr, appelee aussi l'Histoire d'Eracles ; le recit du fragment correspond, en effet, au texte qu'on trouve dans les chapitres 27-36 du 33e livre de cette chronique editee par l'Academie des inscriptions et belles-lettres (Recueil des historiens des croisades. Historiens occidentaux, t. II, Paris, 1859). A la suite de la comparaison entre les lecons du fragment et celles des manuscrits utilises par l'edition de notre appui, nous avons etabli la filiation du fragment par rapport au ms. B. N. fr. 9082, qui a ete, par ailleurs, ecrit en 1295 a Rome. Les variantes donnees par le fragment ne sont generalement pas importantes, mais il y en a une, au moins, qui merite reflexion en ce sens qu'elle peut nous permettre de dater la production du fragment. Dans le present article, nous nous sommes limite a editer certains passages du fragment ; l'edition complete du texte sera presentee ailleurs. Et nous voudrions manifester toute notre gratitude au professeur Naoyuki Fukumoto, qui nous a aide a faire nos recherches sur ce fragment.
著者
田ノ口 誠悟
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
no.103, pp.217-232, 2013-08-30

Cette etude se propose de reconsiderer Siegfried de Jean Giraudoux comme une piece de theatre polemique. Siegfried est cree par Louis Jouvet et sa troupe le 3 mai 1928. Cette piece traite des relations franco-allemandes qui se sont compliquees depuis la guerre de 1870 : Jacques Forestier, un ecrivain frangais blesse au front durant la Grande Guerre, perd la memoire. Eva, une infirmiere allemande, le sauve et lui apprend l'allemand. Apres la fin de la guerre, Forestier devient Siegfried, un homme d'Etat allemand dont l'ideologie de droite jouit d'une grande influence aupres du peuple allemand. Cependant, Zelten, un depute dont les opinions politiques s'opposent a celles de Siegfried, fait venir de France Genevieve, une sculptrice qui a ete autrefois fiancee a Forestier, et Robineau, un professeur de litterature allemande qui a ete l'un de ses amis, pour qu'ils annoncent la verite a Siegfried. Lors de la scene finale, Siegfried prend le train pour la France avec Genevieve, laquelle lui declare son amour en prononcant son prenom allemand : <<Siegfried, je t'aime>>. Les specialistes ont tendance a penser que Giraudoux et ses collaborateurs theatraux ont cree cette piece afin de reconcilier les deux peuples. Cependant, elle a, en fait, suscite parmi les spectateurs d'alors de nombreuses querelles au sujet des relations franco-allemandes. Dans l'entre-deux-guerres, de nombreux intellectuels esperent l'avenement d'un theatre susceptible de provoquer des polemiques politiques et les voix de ces intellectuels influencent Giraudoux : certains de ses essais sur le theatre affirment que l'art dramatique doit etre un <<kaleidoscope>> qui invite les spectateurs a une serie d'interrogations et de reflexions infinies. Siegfried serait-il donc la concretisation de cette esthetique theatrale giralducienne? En nous fondant sur cette conception theatrale de Giraudoux, nous montrerons que sa premiere piece avait pour but de brouiller les idees du public sur les relations franco-allemandes et non de les calmer.
著者
高井 奈緒
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.100, pp.205-221, 2012

Comment des ecrivains dits realistes, dont la description est censee avoir pour enjeux la desidealisation et l'observation d'apres nature, ont-ils represente le maquillage alors meme que celui-ci faisait l'objet de controverses sur la morale et la beaute? Dans De la mode (1845), Gautier critique la couleur naturelle de la peau comme signe de grossierete : it loue le maquillage pudique qui unifie la peau par le blanc et qui ennoblit le corps humain en lui conferant l'apparence de la statuaire. Baudelaire, quant a lui, affirme dans L'Eloge du maquillage (1863) qu'une beaute surhumaine s'acquiert par le fard qui permet de souligner le caractere charnel du corps. Cette sensibilite eminemment subversive au maquillage affleure dans la representation qu'en font les romanciers realistes, representation bien proche des idees de Baudelaire. Dans L'Education sentimentale (1869), Flaubert evoque l'attirance de Frederic pour la paleur du visage des femmes, revelee par le fard qui a coule. Dans Nana (1880) de Zola, la figure de la comedienne, grimee pour jouer La Venus blonde, ensorcelle rapidement le comte Muffat en eveillant en lui la concupiscence, mais au final un tel masque ressemble a ce visage decompose de l'heroine defunte que la variole a frappee : la physionomie inspire desormais l'horreur. Enfin, dans Cherie (1884), Edmond de Goncourt qualifie de <<tache effrayante>> le rouge applique sur le visage moribond de l'heroine. Dans ces trois oeuvres, le maquillage, qui doit normalement dissimuler les defauts et creer une beaute superficielle, fait apparaitre au contraire la chair, le plus souvent maladive ou decomposee sous la peau. Il constitue ainsi un artifice qui permet d'exprimer de facon concrete et realiste le fantasme inconscient des romanciers, fantasme inevitablement associe au desir et a la peur que suscite la chair feminine.
著者
後藤 渡
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.121, pp.69-84, 2022 (Released:2022-08-31)

Relation entre noms propres et cinéma chez Georges Perecétymologie motivante, projection, aspirationWataru GOTO   Les études précédentes menées sur l’onomastique dans l’œuvre de Georges Perec (1936-1982) ont montré que les noms propres des personnages de ses romans présentent des caractéristiques signifiantes : les noms désignent leur origine et leur destin. Perec nomme stratégiquement ses personnages au moins depuis le moment où il a assisté au séminaire de Roland Barthes en 1965.  Ce jeu onomastique se retrouve dans ses propos sur l’actrice Cyd Charisse. Perec voit dans le vrai nom de l’actrice, Tula Ellice (Tulle à Hélice), l’anticipation d’une scène de Singin’ in the Rain. D’autre part, ce patronyme a la même sonorité que le nom de l’île où est localisée l’« autobiographie probable » de l’écrivain : Récits d’Ellis Island. En considérant cette ressemblance sonore et la tendance de Perec à se projeter dans les personnes qu’il aime, nous pouvons penser qu’il s’est identifié à cette actrice qu’il admire avec adoration.  Nous analysons ensuite l’influence considérable et précoce d’Orson Welles dans l’onomastique perecquienne. Tout d’abord, à travers le personnage de Gaspard Winckler, double de l’écrivain : nous révélons la relation de ce patronyme avec celui d’un personnage du Troisième homme, le Dr. Winkel et nous analysons les points communs entre Gaspard Winckler et Harry Lime joué par Welles, dans le même film. En outre, un autre double de Perec, Percival Bartlebooth, possède certaines caractéristiques d’un personnage joué par Orson Welles : Kane de Citizen Kane.  C’est ainsi que Perec crée des doubles où il projette à la fois son identité et l’adoration qu’il éprouve pour certaines actrices et certains acteurs, en un jeu complexe de miroirs.
著者
中畑 寛之
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.79, pp.36-46, 2001-10-21 (Released:2017-08-11)

Invite a Oxford et Cambridge en 1894, Mallarme a fait une conference sur la musique et les lettres. Apres son preambule, il commence a parler de l'apparition du vers libre comme d'une des nouveautes les plus surprenantes. Alors que deja pres de dix ans se sont ecoules depuis que l'<< on a touche au vers >>, pourquoi Mallarme traite-t-il soudain de cela comme d'un phenomene venant d'apparaitre? Le vers libre n'etait-il pas connu meme en Angleterre, puisque le chroniqueur qu'etait Mallarme avait deje insere un article intitule << Vers et Musique en France >> dans le periodique anglais The National Observer en mars 1892? Par consequent, c'est d'une part, parce que le conferencier entreprend de satisfaire a la demande universitaire: Lecture consacree a la litterature francaise, d'autre part, c'est qu'il y trouve un sujet primordial a traiter: << l'attentat >> commis sur le vers. En effet, cette metaphore structure la conference tout comme elle la deruit, car le titre annonce aurait << les Lettres et la Musique >> pour organiser devant un public anglais, une fete poetique. Pendant les annees 1892-1894 appellees << ere des attentats >>, par leurs actions directes, les anarchistes << mettaient le feu >> a la capitale. Mallarme note des similitudes entre le vers libre et la bombe. Son interet pour l'engin lance par l'anarchiste Vaillant, l'oblige a examiner les dommages et les contributions de << l'attentat >> politico-poetique et a reflehir plus profondement sur ce qu'est le vers. Aussi, au lieu d'<< enguirlander l'autel >>, le poete-pretre exprime un doute fondamental: << Quelque chose comme les Lettres existe-t-il >>? Nous nous proposons dans cet article d'analyser la metaphore de l'attentat qui rapproche et relie, dans ce << morceau d'esthetique raide >>, ces deux phenomenes de la fin du XIX^e sicle que sont le vers libre et la bombe anarchiste, afin d'eclairer leur repercussion sur la poetique mallarmeenne.
著者
野澤 督
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.103, pp.149-165, 2013

Dans un article publie dans le Mercure de France (1807), Chateaubriand reconnait deux types d'ecriture dans le recit de voyage : historique et poetique. Rappelons que son ecriture n'est pas mise a l'ecart de celle de son epoque ; elle releve de l'ecriture historique comme it l'a precise dans la preface de l'Itineraire de Paris a Jerusalem. Il faudrait cependant remarquer qu'il y a aussi affirme la subjectivite mise en scene dans l'Itineraire. La subjectivite dans le recit de voyage est fort liee a son aspect poetique. Car le poetique dans l'ecriture du voyage de Chateaubriand consisterait a saisir un monde reel par le biais de la sensibilite ou de l'imagination de recrivain-voyageur. Il va de soi que la notion de temps occupe une place importante non seulement dans les Memoires d' outre-tombe, mais aussi dans ses recits de voyage. Ce theme permet de demontrer l'interiorisation du monde exterieur. Les descriptions pittoresques et minutieuses des sites visites font aussi ressortir les images differentes du temps qui entrainent des reflexions personnelles du voyageur. A travers cette ecriture subjective, surgissent les themes cruciaux de ses recits du voyage : la verite de l'Homme que le temps et ses fonctions nous devoilent. Les trois images du temps mises en place dans les recits de voyage de Chateaubriand sont ici analysees. (1) la comparaison entre le temps du present et celui du passe qui souligne la prosperite dans le temps passe et son aneantissement dans le temps present ; (2) l'irreversibilite du temps qui provoque l'oubli du temps passe et l'idealisation du temps passe pour le sauver de l'oubli ; (3) le temps ephemere chez l'Homme face a l'eternite du temps qui prouve la faiblesse de l'Homme. Certes, conformement a la norme generique de l'ecriture du voyage, les recits de voyage de Chateaubriand nous presentent les descriptions realistes du monde. Mais, s'y rajoutent les images du temps offrant une autre representation du monde vu par l'individu. La, les images du temps fonctionnent comme dispositif de l'interiorisation du monde exterieur. Cela permettrait de reveler une verite sous-jacente dans la representation du reel.
著者
長沼 圭一
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
no.83, pp.90-100, 2003-10-21

Quand le motfemme apparait sans determinant en position attributive dans une phrase copulative, il y a au moins deux interpretations possibles : dans l'une, il s'agit de la feminite, et dans l'autre, il s'agit simplement du sexe feminin. Selon Riegel (1985), il y a de meme deux interpretations possibles a propos des noms de profession sans determinant en position attributive dans une phrase copulative : l'enonce Pierre estprofesseur s'interprete soit comme Pierre est professoral, soit comme Pierre enseigne. Le choix de l'une ou l'autre interpretation ne depend pas, comme le signale Riegel, du degre de l'adjectivation, totale ou partielle, du nomprofesseur, mais du fait qu'il decrit une ≪qualite≫ ou un ≪role≫ : il s'agit de la qualite de professeur dans la premiere interpretation, et du role de professeur dans la seconde. On peut done parler, dans le premier cas, de ≪fonction de description de qualite≫, et dans le second, de ≪fonction de description de role≫. Pour que la fonction de description de role soit possible, il faut operer des distinctions socio-culturelles : l'enonce je suisfemme presuppose l'intention de distinguer socio-culturellement la classe des femmes de celle des hommes, tandis que ce n'est pas forcement le cas dans l'enonce je suis une femme, qui exprime ce qu'est la locutrice au point de vue biologique, et non socio-culturel. Les syntagmes nominaux a fonction de description de role apparaissent sans determinant parce qu'ils sont a l'origine des etiquettes, qui referent sans determinant a des classes. Lorsqu'elles sont utilisees metalinguistiquement comme attributs du sujet humain, ces etiquettes, ne referant plus aux classes, ne jouent que le role de denominations de celles-ci, et entrainent par defaut l'interpretation de la categorisation.
著者
片岡 大右
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.81, pp.3-12, 2002

Chateaubriand, dans le Genie du Christianisme, fait l'apologie du christianisme en raison de sa beaute: attitude bien comprehensible pour le mouvement de retour au catholicisme apres la Revolution, dans lequel le sensible a joue un role essentiel. Mais il ne s'arrete pas toujours a la celebration de la richesse sensorielle; ce qui est a remarquer non seulement dans le Genie mais aussi dans tous ses ouvrages, c'est plutot la disqualification du monde sensible. De ce point de vue, sa << theologie poetique >> apparait comme iconoclaste, moins conforme au luxe du rite catholique que, bizarrement, a la << religion sans culte >> du protestantisme. Cependant il est vain de tenter de lier Chateaubriand a telle ou telle Eglise: dans sa << poetique des ruines >>, le salut integral du monde par la religion n'est absolument pas desirable. Il faut que des felures restent toujours irreparables, au travers desquelles il cherchera, ainsi que son Rene, << un bien inconnu >>, qu'il soit religieux ou non : Pascal considere Jesus-Christ comme le reparateur de la nature, tandis que l'auteur du Genie n'apprecie le christianisme qu'en tant qu'il fait apparaitre les felures que souligne l'acte de reparation. R. Barthes remarque dans l'ecriture de Chateaubriand << une schizophrenic naissante >>, c'est-a-dire une perte legere de l'evidence naturelle face a la realite. Cette reduction annonce le commencement de la litterature moderne, mais elle ne se comprend que par rapport a la tradition du christianisme qui, dans le Genie, n'est plus qu'un simple dispositif ouvrant une voie vers l'inconnu.
著者
阿部 崇
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
no.85, pp.306-317, 2005-03-01

Dans les annees 1960, Flucault elabore la methode de sa recherche qu'il nomme ≪archeologie≫. Proche du structuralisme, cette derniere designe d'abord une analyse le la structure et de la condition d'existence du savoir. Realisee sous forme d'enquete sur l'≪a priori≫ jusqu'aux mots et les choses, elle change par la suite son objet d'analyse. Avec L'archelogie du savoir (1969), est elaboree une theorie du discours qui porte cette fois, non pas sur la condition de la connaissance, mais sur celle de l'existence du discours et sur la systematicite que forment les relations multiples des discours. Construit certes en tant que prolongation de la precedente methode, la nouvelle methode est fondee cependant sur une logique differente, comme nous le constatons par exemple a propos de lra redefinition de la notion d'≪a priori historique≫. La difference entre les deux methodes peut se resumer en deux points. La decourerte, premierement, de l'objet: le livre de 1969 degage le niveau propre du discours pour faire de celui-ci un objet d'analyse. De la, deuxiemement, l'elimination totale du sujet connaissant et synthetisant: la nouvelle methode consiste en l'analyse intriseque du systeme discursif. Le sujet n'est plus alors qu'une fonction reperee dans l'ordre discursif. Ces deux modifications rendent possible et soutiennent l'analyse genealogique des annees 70. Une telle reconstitution methodologique illustre un des caracteres singuliers de la pensee foucaldienne: la tentative constante d'ouvrir un champ d'analyse nouveau.