- 著者
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藤田 尚志
- 出版者
- 日本フランス語フランス文学会
- 雑誌
- フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
- 巻号頁・発行日
- vol.92, pp.182-198, 2008-03-21 (Released:2017-08-04)
Images, figures, metaphores ou analogies - l'imagerie de Bergson est d'une richesse remarquable. Pour la duree : <<si je veux me preparer un verre d'eau sucree, j'ai beau faire, je dois attendre que le sucre fonde>> ; ou bien, la memoire se represente par la figure du cone inverse. Et pourtant, on sait aussi que l'attaque de Bergson contre tous les signes est sans merci : <<notre initiation a la vraie methode philosophique date du jour ou nous rejetames les solutions verbales, ayant trouve dans la vie interieure un premier champ d'experience>>. A cette apparente contradiction, nous cherchons a reppondre en formulant une hypothese de travail. D'un cote, notre esprit <<se sent chez lui>> lorsqu'il traite la matiere, tandis qu'il se sent <<a l'etranger>> dans son for interieur (premier renversement : le chez soi et l'etranger). Mais, si <<l'intuition nous donne la chose dont l'intelligence ne saisit que la transposition spatiale, la traduction metaphorique>>, qu'est-ce que le trope? Qu'est-ce que la metaphore? <<Ne soyons pas dupes des apparences : il y a des cas ou c'est le langage image qui parle sciemment au propre, et lelangage abstrait qui parle inconsciemment au figure>> (second renversement : le propre et le figure). De l'autre cote, le langage peut aussi servir, lorsque le philosophe entrevoit une dimension plus intense de la vie, pour elargir et approfondir la vie humaine. Il doit etre alors detourne de l'usage ordinaire ; il est inflechi et force : <<il faudra violenter les mots>> (DS, III, 1191/270). Bref, quand on parle de <<la force du langage>>, il y en a deux, ce a quoi force le langage en vertu de l'utilite, et ce qui force le langage a (re)decouvrir et meme inventer l'efficacite de la realite vitale. Et n'est-ce pas ce double mouvement qui constituera, comme les <<transports amoureux>>, l'essence du trope?