- 著者
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鵜飼 哲
- 出版者
- The Japanese Association of Sociology of Law
- 雑誌
- 法社会学 (ISSN:04376161)
- 巻号頁・発行日
- vol.2001, no.54, pp.13-26,258, 2001-03-30 (Released:2009-01-15)
- 参考文献数
- 24
La pensée juridique moderne exclut la vengeance hors de l'espace regi par la loi. Mais Nietzsche soutient que la vengeance est la première structure sociale qui permet de stabiliser le rapport entre les communautés. Dans l'Antiquité, Aristote intègre la vengeance dans l'ordre de la Cité en pensant qu'il est possible de controler la vengeance par la raison, l'essentiel étant de trouver le«juste milieu»dans la pratique vindicative. C'est à l'influence conjointe du stoîcisme et du christianisme qu'il faut attribuer l'exclusion définitive de la vengeance qui se réalisera à l'âge classique. Selon Nietzsche, le ressentiment est né de la vengeance inhibée et spiritualisée. La morale des eclaves, sous forme du judéo-christianisme, a fini par l'emporter sur la morale des maîtres. Le système juridique moderne en est l'avatar essentiel. C'est dans l'idée de révolution que la vengeance se réfugie depuis deux siècles. Et dans cette mesure, l'esprit révolutionnaire et l'esprit de la peine demort ont en commun la référence à la vengeance. Celle-ci trouve un autre asile dans la littérature et certains poètes qui s'associaient au mouvement révolutionnaire étaient souvent sensibles au caractère sublime de la vengeance. En Europe, l'idée de révolution se voit en déclin en même temps que l'abolition définitive de la peine de mort. Et on parle actuellement de la réconciliation nécessaire pour surmonter le conflit historique grave. Mais on doit mettre en question cette opinion qui veut que la réconciliation soit le contraire de la vengeance. Si la vengeance est à l'origine de tout calcul social, la réconciliation s'opère encore dans les limites de la période ouverte et limitée par la vengeance. Quand Derrida propose de distinguer le pardon de la réconciliation, it considère que cette dernière recèle sa propre structure violente. Le padon sur lequel it nous invite à méditer riendrait interrompre à la fois la violence de vengeance et celle de la réconciliation.