著者
堀 千晶
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.96, pp.159-170, 2010

Deleuze, au debut de Empirisme et Subjectivite : Essai sur la Nature humaine selon Hume, pose l'identite de l'esprit et de l'imagination, et ne cesse de la reaffirmer tout au long du livre. La valeur de cette affirmation est constatee quand Deleuze definit l'empirisme de Hume comme <<philosophie de l'imagination>>. Et cependant, cette identification, Hume a son tour ne la dit jamais, du moins de facon manifeste : l'esprit selon Hume est toujours l'ensemble d'impressions et d'idees, l'imagination n'etant que la collection des idees. De sorte que dans Empirisme et Subjectivite, il existe implicitement deux definitions divergentes de l'esprit, celle authentique de Hume (impressions et idees) et celle transposed de Deleuze (idees ou imagination). Deleuze ote l'impression presente a la definition de l'esprit, et cette reticence reiteree lui permet d'introduire, dans sa lecture de Hume, la theorie bergsonienne du passe et de l'habitude, qui agissent independamment de l'impression presente. Le frivole chez Hume - theme constant et serieux de sa philosophie morale, croyance en ce qui n'a jamais ete present, voire en ce qui n'est meme pas presentable dans l'imagination - est fonde selon Deleuze sur la conjonction de la presence et de la non-presence, de l'experience et de l'habitude. Cette conjonction ouvrira, au cceur meme de la subjectivite, la possibility generale de la fiction, de la fabulation et de la tromperie.
著者
坂本 尚志
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
no.104, pp.203-218, 2014-03-15

Les enquetes philosophico-historiques menees par Michel Foucault mettent sans cesse en question la raison totalisatrice et universelle, dont on peut trouver le modele chez Hegel. Si ce philosophe allemand annule ce qui est exterieur a la philosophie par la dialectique, Foucault cherche dans ce <<dehors>> la possibilite d'une nouvelle pensee philosophique. Nous tentons dans ce texte d'examiner cette pensee du <<dehors>>, en prenant comme point d'ancrage l'analyse foucaldienne du concept de la parresia, le dire-vrai de la Grece ancienne. En 1982, Foucault evoque pour la premiere fois ce concept, a savoir l'obligation ethique faite au maitre de dire avec la plus grande franchise la verite a son disciple. Toutefois, l'annee suivante, dans le cours intitule Le gouvernement de soi et des autres, Foucault modifie largement cette definition, et dans son commentaire sur Ion d'Euripide, il met l'accent sur l'origine politique de la parresia. La se pose une nouvelle question : comment la parresia politique s'installe-t-elle au coeur de la philosophie? Se referant a des textes platoniciens, Foucault decrit ce deplacement comme resultat d'une tension entre la parresia et la democratie. Cette <<genealogie>> de la parresia est une critique de la philosophie en general : si le lien entre la parole et la verite est extrinseque a la philosophie, a quel titre le discours philosophique est-il vrai? Ainsi apparait une ligne qui nous mene de la parresia antique a la question kantienne de l'Aufklarung, ligne dans laquelle se trouve egalement la pensee foucaldienne. Cette histoire de la parresia est donc un lieu ou se croisent le passe et le present, ou la philosophie et son dehors.
著者
森元 庸介
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
no.99, pp.131-147, 2011-08-26

La litterature consacree a la <<querelle du theatre>> au XVII^e siecle francais, malgre son abondance, laisse une question sans reponse: qui defendit le theatre dans ce proces litteraire? Notre etude tente de combler cette lacune en analysant tour a tour les textes d'auteurs hostiles au theatre-notamment le Traite du theatre (1667) de Pierre Nicole-et ceux d'auteurs du camp adverse. Le Traite commence par condamner, en y trouvant une marque de la <<corruption>> de son siecle, le <<soin>> pris par les contemporains pour allier hypocritement l'amour du theatre et la devotion. Une lecture detaillee conduit a supposer que l'auteur, en rejoignant le Prince de Conti (Traite du theatre et des spectacles, 1666), fait allusion aux casuistes dits <<relaches>>, dont il devait examiner attentivement les textes au cours de sa collaboration pour la redaction des Provinciates de Blaise Pascal, ouvrage connu pour sa critique de la casuistique. De fait, Antonio Escobar y Mendoza, la victime la plus celebre de la plume pascalienne, soutient dans son Liber theologiae moralis (1644) qu'il n'est pas peccamineux de voir un spectacle meme scandaleux si ce n'est qu'<<ob aliquem bonem finem>>. L'argument correspond exactement a la description de Nicole, en ceci qu'il recourt a la methode couramment appelee <<direction d'intention>>, qui cristalliserait toute l'hypocrisie casuistique. A cela s'ajoute une autre coincidence. Nicole ecarte une <<idee metaphysique>> selon laquelle le theatre ne serait qu'une <<representation d'actions et de paroles>>. Une illustration parfaite de cette idee se trouve dans les Resolutiones morales (1628-1655) d'un laxiste par excellence, Antonino Diana. Ce theologien theatin avance en effet que l'interet pour le theatre est moralement neutre tant qu'il se concentre sur la <<repraesentatio ipsa>>, et non sur la <<res repraesentata>>. Ces correspondances textuelles conduisent a repenser la querelle du theatre a travers le debat autour de la morale laxiste, qui caracterise, au-dela du seul jansenisme, les courants principaux de la pensee catholique dans la France classique.
著者
小川 直之
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.92, pp.155-168, 2008-03-21 (Released:2017-08-04)

Il s'agit d'un double feuillet de parchemin bien probablement du debut du XIV^e siecle. Ce feuillet, dont la partie superieure est entamee, contient un fragment de prose francaise en 236 lignes lisibles. Il a ete trouve chez un marchand de curiosites parisien. Le texte du fragment raconte une page de la guerre que les barons de Chypre sous le commandement de Jean d'Ibelin ont faite a Frederic II du Saint-Empire romain : il decrit, par exemple, la bataille de Casal Imbert qu'il date du mardi 3 mai 1232. Nous y avons reconnu la Continuation de Guillaume de Tyr, appelee aussi l'Histoire d'Eracles ; le recit du fragment correspond, en effet, au texte qu'on trouve dans les chapitres 27-36 du 33e livre de cette chronique editee par l'Academie des inscriptions et belles-lettres (Recueil des historiens des croisades. Historiens occidentaux, t. II, Paris, 1859). A la suite de la comparaison entre les lecons du fragment et celles des manuscrits utilises par l'edition de notre appui, nous avons etabli la filiation du fragment par rapport au ms. B. N. fr. 9082, qui a ete, par ailleurs, ecrit en 1295 a Rome. Les variantes donnees par le fragment ne sont generalement pas importantes, mais il y en a une, au moins, qui merite reflexion en ce sens qu'elle peut nous permettre de dater la production du fragment. Dans le present article, nous nous sommes limite a editer certains passages du fragment ; l'edition complete du texte sera presentee ailleurs. Et nous voudrions manifester toute notre gratitude au professeur Naoyuki Fukumoto, qui nous a aide a faire nos recherches sur ce fragment.
著者
田ノ口 誠悟
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
no.103, pp.217-232, 2013-08-30

Cette etude se propose de reconsiderer Siegfried de Jean Giraudoux comme une piece de theatre polemique. Siegfried est cree par Louis Jouvet et sa troupe le 3 mai 1928. Cette piece traite des relations franco-allemandes qui se sont compliquees depuis la guerre de 1870 : Jacques Forestier, un ecrivain frangais blesse au front durant la Grande Guerre, perd la memoire. Eva, une infirmiere allemande, le sauve et lui apprend l'allemand. Apres la fin de la guerre, Forestier devient Siegfried, un homme d'Etat allemand dont l'ideologie de droite jouit d'une grande influence aupres du peuple allemand. Cependant, Zelten, un depute dont les opinions politiques s'opposent a celles de Siegfried, fait venir de France Genevieve, une sculptrice qui a ete autrefois fiancee a Forestier, et Robineau, un professeur de litterature allemande qui a ete l'un de ses amis, pour qu'ils annoncent la verite a Siegfried. Lors de la scene finale, Siegfried prend le train pour la France avec Genevieve, laquelle lui declare son amour en prononcant son prenom allemand : <<Siegfried, je t'aime>>. Les specialistes ont tendance a penser que Giraudoux et ses collaborateurs theatraux ont cree cette piece afin de reconcilier les deux peuples. Cependant, elle a, en fait, suscite parmi les spectateurs d'alors de nombreuses querelles au sujet des relations franco-allemandes. Dans l'entre-deux-guerres, de nombreux intellectuels esperent l'avenement d'un theatre susceptible de provoquer des polemiques politiques et les voix de ces intellectuels influencent Giraudoux : certains de ses essais sur le theatre affirment que l'art dramatique doit etre un <<kaleidoscope>> qui invite les spectateurs a une serie d'interrogations et de reflexions infinies. Siegfried serait-il donc la concretisation de cette esthetique theatrale giralducienne? En nous fondant sur cette conception theatrale de Giraudoux, nous montrerons que sa premiere piece avait pour but de brouiller les idees du public sur les relations franco-allemandes et non de les calmer.
著者
宇野木 めぐみ
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
関西フランス語フランス文学 (ISSN:1341433X)
巻号頁・発行日
no.11, pp.3-14, 2005-03-31

L'image des lectrices differe de celle des lecteurs dans les tableaux du XVIII^e siecle : la premiere est une image privee, parfois sensuelle, et la deuxieme est celle <<du pouvoir intellectuel et social>>. Cette difference existe-t-elle egalement dans les romans? Emile traite de l'education des femmes comme d'une formation de femmes de bonne compagnie. Certes, Rousseau affirme qu'il faut l'egalite culturelle dans le couple, mail elle releve plutot du rapport entre un instituteur et son eleve. Cette relation represente bien le lieu privilegie de l'amour. Elle est deja presente dans La Nouvelle Heloise. Des femmes et de leur education de Laclos consiste en trois essais ; le premier affirme l'impossibilite "d'eduquer" les femmes alors que dans le second, il est question du conflit des sexes. Le pessimisme des deux essais rappelle celui des Liaisons Dangereuses ou on trouve deux types de lecteurs, les malfaisants et les victimes. Pourtant, le troisieme essai reconnait la possibilite d'eduquer les femmes et la subjectivite des lectrices.
著者
高井 奈緒
出版者
日本フランス語フランス文学会
雑誌
フランス語フランス文学研究 (ISSN:04254929)
巻号頁・発行日
vol.100, pp.205-221, 2012

Comment des ecrivains dits realistes, dont la description est censee avoir pour enjeux la desidealisation et l'observation d'apres nature, ont-ils represente le maquillage alors meme que celui-ci faisait l'objet de controverses sur la morale et la beaute? Dans De la mode (1845), Gautier critique la couleur naturelle de la peau comme signe de grossierete : it loue le maquillage pudique qui unifie la peau par le blanc et qui ennoblit le corps humain en lui conferant l'apparence de la statuaire. Baudelaire, quant a lui, affirme dans L'Eloge du maquillage (1863) qu'une beaute surhumaine s'acquiert par le fard qui permet de souligner le caractere charnel du corps. Cette sensibilite eminemment subversive au maquillage affleure dans la representation qu'en font les romanciers realistes, representation bien proche des idees de Baudelaire. Dans L'Education sentimentale (1869), Flaubert evoque l'attirance de Frederic pour la paleur du visage des femmes, revelee par le fard qui a coule. Dans Nana (1880) de Zola, la figure de la comedienne, grimee pour jouer La Venus blonde, ensorcelle rapidement le comte Muffat en eveillant en lui la concupiscence, mais au final un tel masque ressemble a ce visage decompose de l'heroine defunte que la variole a frappee : la physionomie inspire desormais l'horreur. Enfin, dans Cherie (1884), Edmond de Goncourt qualifie de <<tache effrayante>> le rouge applique sur le visage moribond de l'heroine. Dans ces trois oeuvres, le maquillage, qui doit normalement dissimuler les defauts et creer une beaute superficielle, fait apparaitre au contraire la chair, le plus souvent maladive ou decomposee sous la peau. Il constitue ainsi un artifice qui permet d'exprimer de facon concrete et realiste le fantasme inconscient des romanciers, fantasme inevitablement associe au desir et a la peur que suscite la chair feminine.