- 著者
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隠岐 さや香
- 出版者
- 日本科学史学会
- 雑誌
- 科学史研究 (ISSN:21887535)
- 巻号頁・発行日
- vol.48, no.251, pp.129-141, 2009 (Released:2021-08-03)
Le processus d'expertise preparatoire a l'amenagement de rivieres etait comparativement plus lent et plus decentralise dans la France du XVIII^e siecle que daps d'autres parties de l'Europe telle l'Angleterre ou l'Italie. Au milieu du siecle, ce manque de structure decisive au sein de l'administration permet a l'Academie royale des sciences de Paris de s'imposer progressivement sur ces questions, en jouant un role consultatif aupres du gouvernement sur differents projets de canaux. Cet article examinera deux de ces projets-celui du canal de Picardie et celui du canal de l'Yvette, jamais etudie pour lui-meme en histoire sociales des sciences. Tout d'abord, ces projets permettent d'observer une dynamique de concurrence entre les academiciens pour determiner la personne qui dirigera l'expertise. Ensuite, cette rivalite, qui s'explique par des milieux socio-professionnels d'origines differentes, bat son plein dans les annees 1770 notamment entre, d'une part, des personnes dotees d'un savoir-faire technique avere par leur arriere-plan institutionnel tel J.-R. Perronet du corps des Ponts et Chaussees et, d'autre part, des savants theoriciens tels D'Alembert et Condorcet. Chacun adopte une approche differente du probleme: une tentative mathematiquement plus elementaire mais plus pratique et qui permettra la decouverte de la formule de Chezy pour les techniciens, ou bien une combinaison entre analyse et experimentation hydraulique pour les mathematiciens. Mais au-dela d'une simple opposition binaire, on montrera comment le cas du projet du canal de l'Yvette correspond plutot a l'apparition d'une nouvelle division du travail entre les savants theoriciens et techniciens dans les annees 1780.