- 著者
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木岡 伸夫
- 出版者
- 関西大学
- 雑誌
- 関西大学東西学術研究所紀要 (ISSN:02878151)
- 巻号頁・発行日
- vol.41, pp.六三-七五, 2008-04
Le problème de la «rencontre avec le monde moderne» se réduit à deux questions : «Comment les hommes européens ont-ils rencontré les autres 'inconnus' jusqu'alors ?» et «Quelles réflexions ont-ils eu sur eux-mêmes à travers cette expérience de rencontre ?». On doit presque nécessairement vivre entre «décentralisation» et «recentralisation» lorsqu'on sort de son propre monde afin d'entrer dans un nouveau monde qui nous est étranger. C'est justement le cas d'Augustin Berque qui s'est mis en relation extrêmement cordiale avec le Japon.La rencontre avec le Japon n'était pour lui pas autre chose qu'un processus d'établissement de la mésologie (fûdogaku) en tant que discipline. Comme le sens des milieux (fûdo) s'exprime en paysages dans la théorie mésologique, Berque ne put s'empêcher de s'accoutumer, dans ses études sur la culture japonaise, à ces paysages très différents de ceux dans son pays. La diversité des expressions paysagères se fond sur la pluralité des «types» de culture. Il devait donc «décentraliser» en comparant la culture japonaise avec celles de l'Europe, ce qui constitua une étape nécessaire à sa réflexion sur lui-même.Il n'en est pas de même des recherches urbaines, parce qu'on n'aperçoit dans toutes les villes qu'un seul prototype : l'union de la substance physique (astu ; ville ; town) et de la communauté spirituelle(polis ; cité ; city), laquelle est typique des villes historiques à l'Occident. Pour ce qui est de l'unité complète de la «structure» et du «sens», on ne l'a trouvé nulle part ailleursque dans les villes européennes de tout temps historiques. C'est pourquoi Berque leur accorde une position de modèle idéal.Il nous marque son attitude de «recentralisation» en ce qu'il fait de la ville occidentale son cadre de référence. Pourtant ce n'est pas de l'ethnocentrisme, car il fait aussi du Japon une sorte de miroir réfléchissant sur lui-même et il fait par cela même le trajet entre «décentralisation» et «recentralisation», c'est-àdire qu'il accomplit une dialectique proprement mésologique. Et ce qui y joue un rôle de médiateur n'est pas le Japon, ni l'Europe, mais l'Amérique. Une triade «Japon-Amérique-Europe» apparaîtra ainsi avec l'intérêt de se situer dans une structure multipolaire internationale.Le Japon fonctionne alors comme miroir en ces sens : il reflète avant tout l'image positive ou idéale de la France(ou de l'Europe) et puis celle de l'Amérique avec sa réalité négative. Il reflète enfin l'image négative de l'Europe qui se laisse ronger par son double ennuyeux, l'Amérique. Tout cela signifie qu'il y a toujours, dans la pratique de la mésologie, un processus circulaire de «décentralisation- recentralisation». C'est ainsi que le «centre» se prépare à échanger sa place avec la «périphérie».