- 著者
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森本 淳生
- 出版者
- 日本メルロ=ポンティ・サークル
- 雑誌
- メルロ=ポンティ研究 (ISSN:18845479)
- 巻号頁・発行日
- vol.23, pp.67-81, 2020-01-31 (Released:2020-02-04)
- 参考文献数
- 15
Les Recherches sur l’usage littéraire du langage, le cours donné par Merleau- Ponty au Collège de France en 1953, offre diverses notes détaillées de lecture qui nous montrent clairement un intérêt réel et profond du philosophe pour Paul Valéry. Il s’y trouve pourtant un certain manque assez surprenant parce qu’il s’agit d’une œuvre dont l’importance est capitale si l’on veut examiner l’itinéraire du poète de manière précise. Cet itinéraire est décrit suivant trois étapes : l’abandon de la poésie, d’abord, après cette célèbre « Nuit de Gênes » en 1892 ; puis, le retour aux milieux littéraires après la Première Guerre Mondiale, retour qui ne résulte que d’une certaine « faiblesse » et non pas de ce que Valéry a surmonté son scepticisme de jeunesse ; c’est avec le concept de l’Implexe et la pièce telle que « La Pythie » que le poète aurait enfin atteint une certaine maturité où il écrivait selon la spontanéité du corps et l’activité langagière qui en résultait. Après une remarque sur une difficulté au niveau chronologique qui se trouve dans l’argumentation merleau-pontienne, notre article essaie de montrer que, malgré l’absence presque totale de mention, La Jeune Parque (1917) a joué en fait un rôle central dans ce développement littéraire décrit par le philosophe lui-même : il s’agit du moment décisif où se sont réalisés tout en même temps le sujet, l’œuvre et la théorie de la poésie, en d’autres termes, le poète, le poème et la poïétique. Mais malgré cela, la réflexion du philosophe, d’ailleurs très perspicace, réussit à saisir le noyau essentiel de Valéry et, comme un fragment de novembre 1959 du Visible et l’invisible qui parle du « corps de l’esprit » semble le montrer, il se peut que Merleau-Ponty ait lu un fragment du tome VIII des Cahiers de l’édition fac-similé, publié l’année précédente, dans lequel Valéry précise ce que signifie cette expression. Bien que le philosophe remarque un peu à la hâte la limite de Valéry dans son cours, le poète-penseur reste pour lui une des sources essentielles de la réflexion jusqu’à la fin de sa vie.