- 著者
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佐々木 真
- 出版者
- 公益財団法人 史学会
- 雑誌
- 史学雑誌 (ISSN:00182478)
- 巻号頁・発行日
- vol.98, no.6, pp.1105-1127,1180-, 1989-06-20 (Released:2017-11-29)
Dans cet article, nous examinons les particularites de la milice royale et les rapports entre cette institution militaire novelle et la societe d'Ancien Regime. Etablie par l'ordonnance du 29 novembre 1688 pour augmenter les effectifs de l'armee et mettre un terme aux abus des "troupes reglees" qui constituaient jusqu'alors le noyau des forces militaires, la milice devait, a l'origine, etre temporaire. Des 1726, elle devient pourtant une institution permanente. Le recrutement des miliciens au sein des paroisses, la presentation des candidats officiers au Secretaire d'Etat a la guerre, ainsi que l'inspection de l'etat des troupes etaient places sous le controle des commissaires royaux : intendants de province et subdelegues, et ce, des le XVIII^e siecle. Vis a vis des troupes reglees qui, du fait du systeme de venalite des charges et du recrutement des soldats par contrat, constituaient une sorte de patrimoine des officiers, la milice qui trouvait son recrutement dans le service militaire formait un systeme beaucoup plus centralise. Mais il est vrai que la milice rencontrait partout des obstacles lies a la nature meme de la societe d'Ancien Regime. Les miliciens etaient recrutes dans les milieux populaires et les exempts etaient extremement nombreux, surtout parmi les privilegies. L'Ancien Regime, de par sa nature meme, ne pouvait mettre en place une milice egalitariste. La milice devint finalement impopulaire et ses effectifs etaient surtout composes de volontaires et de remplagants. Les deserteurs etaient legions. Pour resister a l'enrolement dans la milice, les appeles faisaient appel a la solidarite familiale, a celle de leur communaute, a l'appui des notables. Les communautes souvent payaient des remplacants pour eviter le depart de ses jeunes membres et les agents locaux souvent fermaient les yeux sur les volontaires et les remplacants. Le fonctionnement pratique de la milice montre le compomis qui se tisse entre pouvoir royal et societe civile bien plus qu'une penetration reelle de l'autorite monarchique dans la societe. Du fait de la resistance opposee au recrutement, la milice etait composee souvent de gens sans biens, sans etat, sans relations, c'est a dire souvent de ceux qui n'avaient guere de motivations et d'interet a la defense de la chose publique. De plus, la milice ne constituait pas une troupe faite pour la guerre a proprement parler. Comme force militaire de choc, la pouvoir royal devait toujours compter sur les troupes reglees. Pour que la milice se muat en armee moderne, il fallait un bouleversement des structures de l'Etat d'une part ainsi qu'une plus grande adhesion du corps social aux objectifs de l'Etat.